SANCTION
CREATION DE L’INITIATIVE POUR LA REFONDATION DE L’APR
Moustapha Diakhaté définitivement exclu de l’Apr
Ce que tous les observateurs redoutaient est arrivé. Le Conseil de discipline de l’Apr a exclu définitivement Moustapha Diakhaté des rangs du parti de Macky Sall. Et pour cause, l’ancien patron du groupe parlementaire de Benno bok yaakaar qui a lancé avant-hier un courant dénommé Initiative pour la refondation de l’Apr, est accusé d’«agissements et propos séditieux, fractionnistes et récurrents» entachant «gravement» l’image du parti .
L’ancien chef de cabinet du président de la République n’est plus membre de l’Alliance pour la république. La décision a été prise hier par le Conseil de discipline composé de quatre membres : Abdoulaye Badji, Benoit Sambou, Abdou Mbow et Mbaye Ndiaye (ce dernier n’a pas pris part à la réunion). Le Conseil s’est basé sur les articles 3, 4, 14 et 19 des statuts de l’Alliance pour la république et des articles 25 et 26 du règlement intérieur du parti. «Constatant les agissements et propos séditieux, fractionnistes et récurrents du camarade Moustapha Diakhaté, attendu que par ces faits il entache gravement l’image du parti, par ces motifs, le Conseil de discipline, après avoir délibéré et à l’unanimité prononce : l’exclusion définitive de Moustapha Diakhaté des rangs de l’Apr», écrit le président du Conseil de discipline Abdoulaye Badji. Une décision qui ne devrait pas surprendre l’ancien président du groupe parlementaire de la majorité présidentielle qui affirmait hier ne pas craindre une exclusion de l’Apr. Seulement Moustapha Diakhaté semble s’être trompé d’adversaires puisqu’il ajoutait que les textes de son désormais ex parti n’excluait pas la création d’un mouvement à l’interne.
La vérité est que l’ancien chef de cabinet du Président Sall prenait depuis un certains temps, une liberté de ton qui frisait la défiance vis à vis de son chef de parti et de ses camarades. Pour exemple, alors que tous les apéristes approuvaient la mesure du préfet de Dakar interdisant une marche contre la hausse du prix de l’électricité, l’ancien ministre conseiller du Président prenait leur contrepied en ces termes: «Alioune Badara Sambe le Préfet qui immole les libertés constitutionnelles. Alioune Badara Sambe le Préfet des troubles de l’ordre constitutionnel du Sénégal. Le Préfet Alioune Sambe invente une nouvelle infraction : un délit imaginaire. Aucun client ne doit accepter de payer la facture de la mal gouvernance de Senelec. En tout état de cause, Senelec et le Préfet Alioune Badara Sambe restent les seules menaces de troubles à l’ordre public. Les seules réponses que le gouvernement doit apporter à la colère sociale c’est: l’annulation de la hausse du prix de l’électricité et l’audit du gouffre à milliards qu’est devenue la Senelec». Mieux, il va plus loin en soutenant Guy Marius Sagna dans son combat contre le régime. «Chers Guy Marius Sagna et les 8 autres prisonniers de la hausse du prix de l’électricité. Je veux dire d’abord ma solidarité à toutes les victimes de la hausse du prix de l’électricité si durement condamnées le 1er décembre 2019 à payer le pillage de la Senelec qui a vu sa masse salariale passer de 30 à 57 milliards entre 2015 et 2018. Heureusement le temps est le meilleur détecteur des mensonges d’une Senelec exportatrice de courant électrique et suffisamment bien gérée pour générer un bénéfice historique de 25 milliards francs de CFA. Je veux dire ensuite que Guy Marius et ses compagnons de lutte font l’honneur des clients de la Senelec et de toutes les victimes de cette hausse. Je veux dire, en fin en forme de prière, que votre arrestation soit un moment déclencheur du réveil de la conscience sociale dans notre pays. Je vous dis ma disponibilité pour y contribuer, en appui des initiatives que prendront les vrais défenseurs des consommateurs et les autres organisations politiques et syndicales soucieuses de l’amélioration des conditions de vies de nos compatriotes. Pour terminer, je veux rappeler à celles et ceux qui condamnent Guy Marius Sagna cette marée humaine du 27 janvier 2009 qui a accompagné, sans autorisation préfectorale, l’ancien président de l’Assemblée nationale et ex-Premier ministre, Macky Sall au commissariat central de Dakar. Sans cette marche non déclarée certainement l’Apr n’allait pas porter son candidat à la magistrature suprême».
La goutte d’eau de trop aura été la création de son mouvement dénommé Maanko tawawu sunu Apr ou Initiative pour la refondation de l’Apr. Et c’est le porte-parole adjoint de l’Apr et membre du Conseil de discipline qui est monté au créneau en premier pour le sermonner. «Nous voudrions dire à M. Diakhaté qu’il est libre de créer un mouvement, mais ce qui est sûr est que ce sera en dehors de l’Alliance pour la république. Parce que, lui-même, a fini de montrer qu’il n’est plus membre de l’Alliance pour la république», écrivait Abdou Mbow avant hier dans une «mise au point». Non sans rappeler que, «depuis quelques jours, Moustapha Diakhaté se signale par des sorties intempestives, maladroites et sans aucun fondement à l’endroit de l’Alliance pour la république et de son Président Macky Sall».
Nos tentatives de joindre l’initiateur de Mankoo Taxawu sunu Apr sont restées vaines.
Georges Nesta DIOP