Après l’appel au dialogue, il reste maintenant au chef de l’Etat de connaître ses interlocuteurs. Car l’opposition la plus représentative et incarnée par le Pds pose des conditions difficilement acceptables pour Macky Sall. Toutefois, il peut compter sur «son opposition», qu’il aurait financé lors des législatives.
Le chef de l’Etat et chef de la coalition Benno Bokk Yaakaar devra être très persuasif pour convaincre l’opposition la plus représentative de s’asseoir autour d’une table avec lui. Les libéraux qui sont, pour l’instant, les seuls à réagir à cet appel, se disent prêts à dialoguer mais exigent, par-dessus tout, la mise à l’écart du ministre de l’Intérieur, Abdoulaye Daouda Diallo. Responsable du parti au pouvoir, il est considéré comme étant le responsable de la «mascarade» électorale du 30 juillet. «Notre parti rappelle également que depuis plus de cinq années, l’opposition qui a récusé l’actuel ministre de l’Intérieur, ne cesse d’exiger la nomination d’une personnalité neutre et de consensus au ministère en charge des élections», disent-ils dans un communiqué.
Et il ne fait aucun doute que tous les leaders de l’opposition sont en phase avec Abdoulaye Wade. Cheikh Tidiane Gadio exige une personnalité neutre pour piloter les élections. «Il est souhaitable, qu’à défaut d’une institution réellement autonome, un ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur, personnalité consensuelle issue de la société civile, du monde universitaire ou officier supérieur à la retraite, ait les pleins pouvoirs sur l’organisation des futures élections au Sénégal», disait-il.
La coalition Manko Taxawu Senegaal de Khalifa Sall, Malick Gakou, Idrissa Seck, etc a récusé depuis fort longtemps le ministre de l’Intérieur. Abdoul Mbaye accuse Abdoulaye Daouda Diallo d’être incapable de dissocier sa fonction de ministre et celle de responsable apériste. Mais cette condition est difficilement réalisable. Le chef de l’Etat n’est pas prêt à se séparer de son Monsieur élections et compagnon de la première heure. Il a d’ailleurs balayé d’un revers de main et à plusieurs reprises cette exigence de l’opposition. Le 28 mai 2016, lors de l’ouverture du dialogue nationale, réagissant à une demande d’Oumar Sarr, le coordonnateur national du Pds, Macky Sall avait dit qu’il n’était pas question que son homme de confiance soit dessaisi de l’organisation des élections. Car, selon lui, le temps où on volait les élections est révolu. «Ce n’est pas parce que le ministre chargé de l’organisation des élections est du pouvoir que le scrutin ne sera crédible», disait-il en substance.
Mais cette condition semble non négociable pour l’opposition. Ce qui constitue a priori un frein à l’initiative présidentielle. C’est le Pds qui avait sauvé in extremis son dialogue l’année dernière. Cette fois, le chef de l’Etat risque de ne pas avoir en face de lui un interlocuteur crédible et représentatif. C’est ce qu’a compris la direction de son parti qui fustige «avec la plus grande fermeté, les tentatives visant insidieusement à discréditer cet appel au dialogue, au mépris de toute objectivité».
Toutefois, à défaut d’avoir l’opposition la plus représentative, il pourra toujours compter et dialoguer avec les partis cabines téléphoniques, les partis pas du tout représentatifs et qui s’étaient désolidarisés de l’opposition lors de la rencontre entre les partis politiques et la Cena. Ces petites formations politiques dont on dit qu’il a été leur bailleur lors des législatives du 30 juillet dernier. Le chef de l’Etat a profité de la prière de la Tabaski pour appeler l’opposition au dialogue.
Walf Quotidien