Commerce illégal d’espèces sauvages. Un trafiquant de perroquets sauvages africains a été arrêté à Dakar, lors d’une opération combinée entre la Sûreté urbaine et des Eaux et Forêts appuyée par le projet Salf (Sénégal-Application de la Loi Faunique).
Abdul Aziz Sall a été déféré au parquet, hier. Ce trafiquant présumé a été interpellé en flagrant délit de détention et de commercialisation de perroquets gris «Timnehs», une espèce hautement menacée. Il était aussi en possession d’un permis d’exploitation du Mali, pays de provenance de ces produits de contrebande.
«Impliqué dans un vaste réseau international, il utilisait, selon un communiqué parvenu à notre rédaction, des modus operandi élaborés pour «organiser son trafic à l’échelle internationale et faisait de fausses déclarations à l’Administration déclarant l’exportation d’espèces autorisées pour en faire exporter illégalement des espèces interdites».
Selon l’accusation, il avait fait importer discrètement ces perroquets gris du Mali en contrebande et comptait les réexporter en Jordanie pour la somme de 11,000 US dollars. Une impressionnante quantité d’oiseaux de toutes espèces a été découverte dans son local, au total 109 perroquets gris, 600 perruches à collier, 80 «youyou» du Sénégal et autres espèces ont été confisquées, indique la même source.
Quant aux oiseaux, la source de Walf indique, qu’avec l’appui de World Parrots Trust, ils seront réhabilités et relâchés dans la nature. Le document parvenu à Walf rappelle que le Sénégal a été, dans le passé, indexé par les institutions internationales comme une plaque tournante du trafic de perroquets africains, un commerce illégal très lucratif puisque l’espèce Perroquet Gris fait l’objet de redevances illicites énormes en Afrique.
Qu’en général, le braconnier qui capture est payé environ 3 dollars et la valeur commerciale en Europe est environ 1,500 à 2,000 dollars l’unité. Qu’une cargaison peut être envoyée par avion et contient en moyenne 500 à 1000 oiseaux. Et que ceci porte les redevances illicites à un million de dollars au minimum par cargaison. Les grands trafiquants sont capables de réaliser de telle exportation chaque semaine.
Le communiqué rappelle que le commerce illégal d’espèces sauvages est un crime organisé transnational. Il occupe le quatrième rang du commerce illicite dans le monde (après celui de la drogue, des armes et des êtres humains) selon le Congrès des Nations-Unies sur le crime, il amasse des bénéfices illicites d’environ 19 milliards de dollars chaque année.
Aujourd’hui, des preuves attestent que l’explosion de ce trafic porte atteinte à la stabilité et à la sécurité des Etats africains car les braconniers et les trafiquants ont une puissance de feu de plus en plus importante et parce que ce trafic est lié au terrorisme et finance les guerres dans certaines régions du continent. Le droit faunique sénégalais, en conformité avec la convention CITES dite «Convention de Washington», une convention internationale des Nations-Unies ratifiée par le Sénégal depuis 1977, condamne l’exportation, la détention, l’importation et la commercialisation d’animaux vivants intégralement ou partiellement protégés.
Pape NDIAYE