La situation socioéconomique est devenue délétère. Le pays fait face à plusieurs crises avec des grèves de presque tous les travailleurs.
Et ce sont ces opposants sans visage et insaisissables qui ont emporté Abdoulaye Wade en 2012 et Abdou Diouf en 2000.
Le front sociopolitique est en ébullition, et il risque de coûter cher au président de la République. Candidat à sa propre succession, le Président Macky Sall doit affronter, outre ses opposants politiques, d’autres opposants, des ennemis sans visage, mais aussi redoutables que ses adversaires politiques. Et à moins de deux ans de l’élection présidentielle, ce climat délétère aura forcément des conséquences sur le scrutin.
Les crises socioéconomiques ont eu raison de ses prédécesseurs Abdoulaye Wade et Abdou Diouf. Ce sont ces opposants sans visage, sans partis et qui sont insaisissables qui ont emporté ses deux prédécesseurs Abdoulaye Wade et Abdou Diouf. Entre 2010 et 2012, Wade a fait face à une série de manifestations: grève, marches, etc. Abdou Diouf a vécu les mêmes aléas deux ans avant la présidentielle qui lui a été fatale. A l’époque le front social était en ébullition avec, notamment la fameuse grève du Sutelec de Mademba Sock qui a beaucoup contribué à l’avènement de la première alternance, malgré le soutien de la puissante Cnts de Madia Diop.
Il faut dire que depuis quelques temps, Macky Sall doit faire face à la colère grandissante de presque tous les travailleurs du Sénégal à commencer par les fonctionnaires et les agents non fonctionnaires de l’Etat. Tous les corps d’enseignants de l’élémentaire, du secondaire et du supérieur sont en grève.
Treize organisations syndicales de l’enseignement qui composent la Fédération des enseignants du Sénégal (Feder-E) ont décidé de se faire entendre. Cette coalition de syndicats d’enseignants regroupe le Sudels, le Cusems/A, l’Uden/R, l’Ois, le Sneel/FC, le Saemss, etc a décrété depuis hier son quatrième plan d’actions. Lequel a démarré, ce mardi, par un débrayage à 9 heures, suivi d’une grève totale mercredi et jeudi prochains. Ces syndicalistes comptent dérouler une marche nationale le 2 février prochain. Le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes) a encore observé un débrayage avant hier lundi suivi d’une assemblée générale. Et les étudiants ne sont pas en reste. Ils se sont violement heurtés aux forces de l’ordre en fin de semaine dernière pour exiger le paiement de leurs bourses.
Depuis un an, les médecins et les travailleurs de la santé montent régulièrement au créneau. Au mois d’août dernier, le Sutsas avait déposé un préavis de grève.
Et hier, pour la première fois depuis des années, des centrales syndicales ont manifesté. Les travailleurs membres de la Cnts plus ou moins liés au pouvoir ont battu, hier, le macadam pour exiger l’augmentation des salaires principalement dans le privé, mais également dans le public. Et le pire pour le gouvernement est que toutes les exigences de ces corps sont d’ordre financier. En effet, les travailleurs, les médecins, les enseignants réclament plus d’argent. Les syndicalistes de la Feder-E exigent l’ouverture de négociations avec tous les syndicats sur le régime indemnitaire, particulièrement l’indemnité de logement pour son augmentation substantielle avec effet immédiat. Les syndicalistes veulent aussi l’apurement, sans délai, des 85 milliards de rappels d’avancement, d’intégration et de validation. Mais aussi le dégel des prêts Dmc, la majoration du montant prévu pour 2018 et la prise en compte des 34 milliards budgétisés en 2016 et 2017 mais non exécutés.
Alors que la situation économique du pays n’est pas des meilleures. A preuve, le gouvernement a annoncé l’augmentation du nombre de bénéficiaires des bourses familiales, ce qui signifie logiquement une hausse du nombre de pauvres.
Et malgré un taux de croissance estimé à 6,8 % en 2017, et une perspective de plus de 7 % en 2018, «nous enregistrons pour la 3e année consécutive une des meilleures performances économiques en Afrique», se réjouit le chef de l’Etat lors de son adresse à la Nation, le pouvoir n’arrive toujours pas à juguler la pauvreté et le chômage plus particulièrement des jeunes. D’ailleurs, à en croire Idrissa Seck, le taux de pauvreté a augmenté sous la présidence de Macky Sall. D’après le chef du parti Rewmi, il est de 56 % alors que son prédécesseur l’avait laissé à 41 %.
Charles Gaiky DIENE