La perte hier du chanteur Ndiouga DIENG a plongé sa famille et sympathisants dans l’émoi. Ce pilier de l’orchestre Baobab, décédé, a marqué les esprits de toute une génération.
L’orchestre Baobab, le mythique groupe de Dakar des années 70, a perdu hier son lead vocal, Ndiouga DIENG. Le chanteur est décédé hier jeudi dès suite d’une longue maladie. La levée du corps est prévue aujourd’hui à 10 heures et l’inhumation au cimetière de Bargny après la prière du vendredi. Agé de 69, le musicien né à Rufisque en 1947, sera enterré à Bargny, devenue sa ville adoptive. Le centre socio-culturel de Bargny porte son nom. Pourtant, il était conseiller municipal à la mairie de Rufisque.
Dès l’annonce du décès hier matin, la maison mortuaire n’a pas désempli. «C’est comme si c’était la levée du corps à Bargny. Les jeunes sont venus de partout pour présenter des condoléances à la famille», lance Alpha DIENG, fils ainé du défunt et musicien. Moussa Jaraaf Pouye journaliste culturel et proche du vieux dira que c’est une grande perte pour le Sénégal. « Un homme d’une grande valeur culturelle et sociale, un monument de la culture sénégalaise. Il aimait la musique sénégalaise et Bargny. Paix à son âme», témoigne le directeur de publication de la Voie de Bargny. Au colloque sur le cinquantenaire du 1er festival mondial des arts nègres la triste nouvelle a ému plus d’un. Une minute de silence a été observé pour celui que le professeur Maguèye Kassé mélomane, attribue le titre de «la plus belle voix du Sénégal».
Electricien de formation, Ndiouga DIENG a également travaillé à la police sénégalaise qu’il a intégrée au milieu des années 1960. C’est après une brève carrière dans l’armée qu’il s’est tourné vers la musique en devenant membre de l’Orchestra Baobab. Devenu très populaire dans cette formation musicale grâce à ses chansons dont les plus connues sont Boul ma mine, Dé mo woor, le chanteur a fait les beaux jours de la musique sénégalaise. Présent dans toutes les expéditions de l’orchestre Baobab aux côtés d’autres grandes voix comme Balla Sidibé, le défunt Abdoulaye MBOUP, le chanteur a su pendant toute sa vie égayer le peuple sénégalais, le monde à travers les nombreuses tournées et surtout ceux de la génération 70.
De 1971, année de ses premiers enregistrements, Ndiouga DIENG a mis sa voix dans plusieurs albums de l’orchestre. «Nous essayons d’imaginer le nombre d’albums qu’il a faits avec Baobab», lance Alpha Dieng qui tâtonne sur le chiffre à donner aux journalistes. «A son actif, il a cinq albums» indique son fils aîné. Ndiouga DIENG s’est essayé à la musique traditionnelle, genre dans lequel il a vite excellé. L’héritage légué par le musicien à ses enfants est d’une grandeur surprenante. « Imaginez un peu qu’il a forgé quatre musiciens issus de la même famille. C’est lui qui nous a appris à chanter», font savoir les enfants. Aujourd’hui, ces quatre musiciens Alpha DIENG, Momo DIENG, Fama DIENG, Mamer Ngoni DIENG œuvrent tous dans la profession et sont connus au Sénégal à travers leur talent. Le plus jeune, Momo DIENG est un pensionnaire du label Prince art.
Le vieux musicien était aussi d’un grand apport pour ses fils. «Il était un père, mais également un conseiller. Il nous disait que seul le travail paie. Un musicien doit être un croyant, il doit éveiller les consciences et avoir de la compassion. L’unité de la famille était fondamentale, d’autant plus que nous pratiquons le même métier. On doit être unis», souligne l’ainé de la famille.
Najib SAGNA (Walf Quotidien)