Le Rappel à Dieu de Sidy Lamine Niass a laissé un énorme vide au Sénégal mais surtout au Groupe Wal fadjri. Une pesante absence que les Sénégalais qui étaient habitués au discours de fin d’année du défunt Président directeur général (PDG) dudit Groupe ont à peine ressentie ce 31 décembre, marquant les derniers instants de l’année 2018.En effet, ceux qui s’inquiétaient du devenir du Groupe Wal fadjri ont été rassurés par Me Cheikh Niass, fils-ainé de Sidy Lamine. Sur le Plateau de WalfTV, ce dernier se dit prêt à tous les sacrifices pour maintenir debout le groupe de presse qui, selon lui, est un patrimoine national incessible. Une précision qui a servi de transition à d’autres révélations.
« Walfadjri n’est pas un patrimoine à hériter». Le Groupe de presse ne fera pas partie du patrimoine à héritier du défunt Sidy Lamine Niass, rappelé à Dieu le 4 décembre 2018. Par cette révélation, Me Cheikh Niass, son fils-ainé, met fin aux supputations, rumeurs et autres intox. Au cours d’un entretien aux allures de grand oral, sur le plateau de WalfTV, ce 31 décembre, Me Niass a déclaré à qui voulait l’entendre que le groupe de presse est certes fondé par son père mais appartient aux Sénégalais. « C’est un patrimoine national », indique-t-il. Avant d’ajouter : « Le groupe Walfadjri ne sera pas dans le patrimoine à hériter de Sidy Lamine Niass. Il appartient au peuple sénégalais. Nous n’avons pas besoin d’hériter les biens de Sidy Lamine Niass. Ce que nous voulons, c’est lui ressembler. Il nous en donné les moyens pour avoir beaucoup investi sur nous ». Mieux, soutient l’avocat inscrit au barreau de Paris, le défi que les héritiers de Sidy Lamine ont à relever c’est de faire en sorte que le groupe pour lequel il s’est toujours battu reste plus que jamais debout en étant au service exclusif du peuple sénégalais. « C’est la raison pour laquelle, nous avons tout fait pour que les changements interviennent dès à présent avec des investissements qui renseignent de notre volonté de respecter sa mémoire », assure Me Cheikh NIASS.
Nouveau PDG de Walf
Ce n’est pas la seule équivoque levée par le fils-ainé de Sidy Lamine qui n’a pas manqué de rendre un vibrant hommage à son père en revenant sur des anecdotes qui en disent long sur leurs relations. Interpellé sur son rôle actuel au sein du groupe, Me Cheikh Niass d’indiquer qu’il n’en sera pas le Président directeur-général. Selon lui, ce qu’il fait, c’est assurer l’intérim. C’est comme quand dans un Etat, le président venait à rendre l’âme. Il appartiendrait au président de l’Assemblée nationale d’assurer l’intérim jusqu’à l’élection d’un nouveau président de la République, explique-t-il. « Je ne veux pas être Pdg du groupe. J’ai déjà donné le portrait-robot du futur successeur de mon père. Il y a trois critères : l’éthique, la compétence et le patriotisme. Donc un homme d’une grande éthique, compétent et qui aime son pays. Le futur Pdg sera quelqu’un de connu au Sénégal », informe-t-il. Tout en soulignant que lui resterait le gardien du temple en tant que superviseur.
A en croire Me Niass, les informations distillées dans la presse faisant état d’une bataille de succession sont totalement erronées. C’est le frère de son père, Ahmed Khalifa Niass, aidé par certaines autorités, qui est derrière ces manœuvres. « La plainte qu’il aurait déposée contre nous dans ce sens met en exergue deux faces de l’iceberg. L’une est visible veut faire croire qu’il y’aurait une bataille de succession. Alors qu’il n’en est rien. Et l’autre face cachée de l’iceberg ce sont les manœuvres de l’Etat. Tous les comptes de Walf sont bloqués ainsi ceux de mon père. Pourtant j’ai payé ce mois. Les salaires de janvier sont disponibles. Je vais continuer son combat», met en garde Cheikh Niass. « Je veillerai au respect des principes toujours défendus par mon père. Que la ligne éditoriale dédiée aux masses soit respectée. C’est la philosophie du fondateur du groupe. Il est plus facile pour moi de pêcher que de trahir la mémoire de Sidy Lamine Niass », a-t-il ajouté.
Manœuvres des autorités
Selon Me Niass, certains voudraient qu’après son père,le Groupe Walfadji au rende l’âme. Et, Niass-fils n’hésitent pas à mettre à l’index le Premier ministre et son patron. Selon lui, dernièrement, il s’est rendu avec quelques responsables de Walfadjri à la primature où ils avaient rendez-vous avec Mouhamad Boun Abdallah Dionne. Seulement, arrivés sur place, ils ont été surpris de voir dans la salle d’attente une fille d’Ahmed Khalifa Niass. Et, indique-t-il, les informations qui ont fait état de négociations pour la cessation du groupe de presse, viennent de là. « Le lendemain, la presse a commencé à dire que les fils de Sidy veulent vendre Walf. Et que Camou (Abdourahmane Camara, Directeur de publication de Walf Quotidien) aurait accepté de recevoir 10%», renseigne-t-il. En outre ajoute Me Niass, « quand nous sommes entrés dans le bureau du Premier ministre, aussitôt il a commencé à faire des observations sur les positions de mon père. Plus particulièrement quand il disait avoir vu Macky SALL lire un livre sur ‘la franc-maçonnerie pour les nuls’ ». Pour Me Niass, cela renseigne à suffisance que Mouhamad Boun Abdallah Dionne n’a toujours pas digéré cette affaire malgré tout ce temps. L’autre fait qui pousse Me Cheikh Niass à penser que le régime n’a pas desserré l’étau autour du groupe Walfadjri ce sont les 20 millions que Macky Sall a remis à la famille de Sidy Lamine Niass avant d’en faire un tapage médiatique. Me Niass fait cas également de l’absence et du mutisme de la première dame, Marieme Faye Sall, qui était pourtant très proche de son père. « Lors de sa présentation de condoléances, Macky était venu avec 20 millions qu’il nous a remis publiquement. Il a dit cela à tout le monde avant d’arriver. Cette stratégie n’est pas fortuite. Ce n’est pas du hasard. Il a fait la même chose à mon père, lors de la cérémonie de présentation des ouvrages de Mame Khalifa Niass. Il avait tout pris en charge avant d’en faire la publicité dans la presse. Et ce, avant même la tenue de la cérémonie. C’était un piège tendu à mon père qui l’avait déjoué. L’absence de la première dame, vu les relations qu’elle entretenait avec mon père, n’est pas non plus le fruit du hasard. Si elle était venue avec la délégation, cette opération de liquidation de Walf n’aurait peut-être pas vu le jour », affirme-il.
Attaque en justice
Me Niass indique n’être aucunement ébranlé par les plaintes déposées contre lui par Ahmed Khalifa Niass. Il soutient n’avoir pas encore le temps de répondre à ses provocations. Mais qu’il apportera la réplique le moment opportun. Car, estime-t-il, le deuil ne sera complet qu’après les 40 jours. « Cette histoire a été soulevée par une personne. Nous gardons notre sérénité et attendons le moment opportun pour nous prononcer. Tout est clair dans la vie de Sidy Lamine Niass. Le moment venu, on saura comment régler la situation. Mon père s’était bien organisé », remet-il en ordre. Selon lui, Sidy Lamine Niass avait commencé à écrire ses mémoires qui ne sont pas encore publiées. Dans un mémo, souligne Cheikh Niass, son père revient sur sa vie matrimoniale. « Un jour, cet enfant (celui présenté par Ahmed Khalifa Niass comme étant le fils-ainé de Sidy Lamine, ndlr) est venu lui rendre visite au motif qu’il souhaitait connaitre les raisons de son absence à ses côtés. Mon père lui a alors répondu : ‘va demander à ta mère. Elle est très gentille, digne et je la pense honnête. Elle te dira’. Il ne l’a plus revu depuis lors. Il est plus âgé que moi. C’était dans les locaux de Walf,adjiri à Sacré-Cœur », expliquant Cheikh Niass, citant un texte de son père. Selon lui, ce dernier n’est pas du genre à négliger ses enfants. « Nous détenons d’autres preuves et sommes prêts à faire 30 ans de procès s’il le faut».
Polémiques sur le lieu d’inhumation
Revenant sur le désaccord qu’il y a eu lieu sur le lieu d’enterrement de son défunt père, Cheikh Niass fait son mea-culpa et déclare avoir beaucoup appris. Pour lui, ce sont les dernières leçons que lui donnait son « éternel professeur », à travers cette affaire. « J’ai beaucoup appris sur cet événement malheureux. J’en ai gagné beaucoup, en termes d’expérience. Il me disait que la vie est composée de deux parties. C’est le destin et la destination. Son destin ressemble à celui du prophète (Psl). Il avait réglé toutes ses activités sur la montre du Prophète(PSL). Il était sa référence, son model, son idole, etc. Donc les contradictions ne sont pas fortuites. Le Prophète (PSL) est resté trois jours, après sa disparition, avant d’être enterré. Il me disait que dans ce pays c’est la tradition qui est plus puissante que la justice. Il faut respecter les données sociologiques de ce pays. C’est un éternel professeur », reconnait-il. Avant d’ajouter : « Sa destination, c’est Kaolack. J’avais estimé que c’était Yoff le bon choix. De son vivant, il soutenait, en me taquinant, il faut m’enterrer à Yoff comme tout le monde. Je ne veux pas de mausolée bâti en marbre. Je suis du côté des sans voix. Ce sont ces propos qui taraudaient dans mon esprit ».
Salif KA