Depuis deux ans maintenant, l’Etat du Sénégal peine à éponger la dette envers les établissements privés d’enseignement supérieur. La situation est alarmante dans la région de Thiès où les chiffres sont peur.
THIES) – Loin d’être une aubaine pour le secteur de l’enseignement privé, l’orientation des élèves et étudiants du public dans le privé pèse financière trop lourd dans la gestion de ces dits établissements secondaires et universitaires. Des pesanteurs qui, durant l’année scolaire et universitaire passée, avaient poussé certains établissements à suspendre les cours pour ces groupes d’élèves et étudiants communément appelés «Macky’s Family». Selon le directeur de l’Itcom, Mamadou Gningue, un total d’un peu plus de 50 000 étudiants ont été orientés dans les établissements privés universitaires, en 2013. Une expérience qui a été fort concluante puisqu’ayant permis de récupérer plus de 20 000 étudiants issus de la Faculté des lettres et sciences humaines (Flsh), pour des formations scientifiques. Mais, regrette-t-il, malgré les résultats probants obtenus, la note de l’Etat n’a pas suivi. «Depuis deux ans, nous avons constaté que l’Etat traine les pieds pour payer la facture. Une facture qui, à mon avis, est diminuée puisqu’ayant connu des rabais importants ». Et de poursuivre pour estimer que le ministre de l’Enseignement supérieur devrait revoir sa note quand il dit qu’ils ont payé 41 milliards de francs Cfa au privé en cinq ou sept ans. Surtout quand on sait que, fait-il remarquer, quarante et un milliards de francs Cfa en cinq ou sept ans, c’est rien du tout. A peine quatre ou huit milliards de francs Cfa par an. Et même là, Mamadou Gningue doute de l’exactitude des chiffres. «Je devrais même aller à la comptabilité pour voir si nous avons atteint ce chiffre».
«Depuis 2 ans, l’Etat traine les pieds pour payer la facture»
Le directeur de l’Itcom de dire que la principale difficulté, dans cette dynamique de partenariat public-privé consistant à l’orientation de ces étudiants du public dans le privé, c’est simplement que l’Etat peine à honorer ses engagements et à payer au privé ce qu’il lui doit. Ce qui, à ses yeux, est difficilement explicable d’autant que l’étudiant du public coûte à l’Etat deux fois plus cher qu’un étudiant du privé. «41 milliards de francs Cfa en cinq ans, c’est ce qu’une seule université nous coûte. L’université de Dakar compte 60 000 étudiants et le privé dans sa globalité n’en compte que 40 000. Alors allouer au privé huit milliards de francs que vous ne pouvez même pas honorer, c’est manquer de considération à ce secteur qui pendant trente ans à fini de faire ses preuves. En 2013, le privé comptait 35 000 étudiants, le tiers des effectifs de l’enseignement supérieur sans que l’Etat y contribue». Et d’ajouter que c’est parce qu’ils ont accepté d’accompagner l’Etat que des étudiants que tout prédestinait à des filières littéraires ont pu bénéficier de formations de pointe telles que la logistique, l’électromécanique et les sciences de l’ingénieur, entre autres.
A la question de savoir si malgré tous ses manquements ils vont continuer à recevoir des étudiants du public, Mamadou Gningue fait dans le clair-obscur en soutenant qu’ils ne sont pas là pour dire si oui ou non ils vont recevoir ces élèves. Toutefois il ne manquera pas de poser des conditions. «Pour que nous puissions recevoir les nouveaux bacheliers, il faut que l’Etat accepte d’y mettre les moyens. Nous ne demandons pas l’impossible. Les étudiants payaient dans nos écoles entre 800 000 francs voire 1 million FCfa dans certains établissements et avec ce partenariat, l’Etat nous paie 400 000 mille francs par étudiant. Alors, ce que nous lui demandons c’est simplement de faire un effort budgétaire et de comprendre que nos établissements sont pourvoyeurs d’enseignements et d’emplois. Chaque école emploie au moins 50 à 100 agents sous contrat à durée indéterminée. Nous sommes prêts à les recevoir, mais il faut que l’Etat accepte d’honorer ses enga – gements. Car on ne peut pas mettre 8 milliards de FCfa dans un budget initial là où le coût de la formation est de 15 milliards de francs par an».
Sidy DIENG