Les magistrats ne sont pas traités sur un même pied que les autres parties prenantes de l’organisation de l’élection présidentielle de 2019. Ces derniers qui tenaient, hier, leur session de formation sur le processus électoral déplorent les inégalités liées aux répartitions du budget alloué aux différentes commissions.
La commission nationale de recensement des votes souffre d’un manque de moyens pour s’acquitter, comme il se doit, de la tâche qui lui est assignée, dans le fonctionnement du processus électoral. Cette partie prenante à l’organisation des élections au Sénégal, composée pour la majeure partie de magistrats, ne bénéficie pas d’un même traitement que les autres, notamment le ministère de l’Intérieur, la Commission électorale nationale autonome (Cena) et le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra). Ce constat est établi, hier, par les magistrats, en marge de leur session de formation sur le processus électoral. Selon eux, leur commission reçoit tardivement son budget qui est en deçà de leurs attentes. «La commission nationale de recensement électoral doit être considérée comme un élément clé dans le processus électoral et au même titre que la Cena, le ministère de l’Intérieur, le Cnra. La Cour d’Appel reçoit son budget très tardivement. La commission doit recevoir son budget à temps et doit également avoir un budget suffisant pour dispenser les formations adéquates aux magistrats», recommande Souleymane Téliko, président de l’Union des magistrats sénégalais (Ums). Qui ajoute : «On doit mettre à la disposition de la Cour d’Appel et de la commission nationale des véhicules en nombre suffisant pour permettre le déploiement à temps sur le terrain».
Selon le juge, ce disfonctionnement noté sur la répartition du budget a un impact dans le comptage des voix lié à des erreurs dues à des problèmes de matériels et de la maitrise de la confection des procès-verbaux. «Le code électoral fait souvent l’objet de modifications. Ce qui fait qu’il y a de nouveaux magistrats qui ont besoin d’être renforcés, à l’occasion de chaque échéance. Il y a aussi la confection d’un guide pour permettre aux magistrats de disposer de ce nouveau code électoral qui leur permettra de travailler», note-t-il.
Le juge Demba Kandji, président de la Commission nationale de recensement des votes et premier président de la Cour d’Appel de Dakar réconforte la position de son collègue et déclare que leur commission est un organisme de gestion au même titre que le Cnra et le Conseil constitutionnel. De ce fait, affirme-t-il, elle doit bénéficier du même respect et du même traitement. «Il ne nous associe pas à l’élaboration du processus qui concerne directement le recensement et la proclamation des résultats. C’est déplorable. Mais nous vivons avec. Après neuf années à la tête de cette commission, je peux vous dire que la magistrature s’est toujours acquittée avec impartialité, avec objectivité et avec indépendance des missions qui lui ont été confiées», souligne-t-il. Selon le juge Kandji, les combats de l’Union des magistrats sénégalais est légitime. «Je suis dans le projet de l’Ums. Les combats de l’Ums sont les combats de tous les magistrats. On doit faire un bloc. Elle ne doit laisser personne sur le bord du chemin. L’Ums est notre seul cadre d’expression et non de revendication. Je n’envie pas une magistrature qui annule une élection», se félicite-t-il.
Salif KA