L’unanimité est mythique. Depuis l’annonce du décès de Bruno DIATTA, toute la classe politique sénégalaise, opposition comme pouvoir, entonne le même refrain qui salue la mémoire de l’illustre disparu et magnifie son professionnalisme.
Me Abdoulaye WADE et Ousmane Tanor DIENG se retrouvent, n’écrivant pas les mêmes mots mais développant les mêmes idées. Ne s’embrassant guère des adjectifs et même des superlatifs, le président de l’Assemblée nationale n’est pas non plus aphone. Mais, un Moustapha NIASSE, poétisant tel un charmeur de serpent, les Sénégalais ne s’en rappelaient même plus. Et Khalifa SALL qui, du fond de sa cellule, tient des propos similaires à ceux de Macky SALL. Bruno DIATTA, à l’instar de son homonyme Metsu, c’est le consensus !
Pour probablement se mettre au-dessus de cette mêlée, le président SALL a décidé, que ce sera même un hommage national que les Sénégalais vont rendre à Bruno DIATTA. En effet, ce jeudi, devant les grilles de la présidence de la République, l’oraison funèbre nationalement officielle va retentir prononcée par un Macky SALL qui se veut symbole de cette union. Des funérailles nationales, comme peu de Sénégalais en ont eu droit. Pourtant, ils peuvent être très nombreux les Sénégalais estimant en avoir plus fait pour la République que Bruno DIATTA. Pour le leader de l’APR, il n’est pas juste question de faire comme les autres responsables politiques. Derrière sa grande propension à célébrer un véritable serviteur de l’Etat, Macky SALL cherche également à perpétuer l’héritage colonial.
En effet, si la classe politique est aussi unanime au sujet de Bruno DIATTA, c’est qu’en plus d’avoir tu leurs nombreux et probablement méchants secrets, le défunt chef du protocole, de qui la postérité pouvait légitimement attendre des Mémoires, s’érigeait également en gendarme de la bienséance. Si, dès 1960, Senghor et ses collaborateurs se tenaient comme De Gaule et ses ministres en France, c’est qu’il y avait, un chef du protocole chargé d’indiquer aux nouveaux gouvernants comment se tenir et tenir la République. Un trait d’union entre colonialisme et indépendance, qui n’a pris en compte aucune des réalités sénégalaises. Les pratiques laissées par les colons sont expliquées aux nouveaux arrivants qui les adoptent sans rechigner. Un protocole qui distingue en tout le citoyen de son dirigeant. Une fonction hautement importante ne pouvant être dévolue à tout le monde, d’où la longévité de Bruno DIATTA à son poste.
Mame Birame WATHIE