Le cimetière musulman de Yoff a refusé hier du monde à l’occasion de l’inhumation du maire Idrissa Diallo rappelé à Dieu avant-hier lundi des suites d’une courte maladie à l’âge de 62 ans.
Proches, amis et populations ont tous témoigné sur le caractère intègre de l’homme politique qui avait le courage de ses convictions avec un parcours professionnel, social et son passé syndical. Au niveau du cimetière musulman de Yoff, les gens qui étaient venus l’accompagner dont des «khalifistes» ont eu du mal à parler. C’est le cas de l’ancien maire de la Patte d’oie Ibrahima Diamé qui a fondu en larmes. Il en est de même pour le maire de Mermoz Sacré-cœur, Barthélémy Diaz qui cachait son émotion derrière des lunettes.
D’autres acteurs de la classe politique du Département de Pikine et des agents municipaux ont tenu à magnifier le comportement exemplaire de l’édile de Dalifort. «C’est un ami personnel avec qui on a partagé le Conseil municipal de Pikine de 2009 à 2014. Idrissa était d’une loyauté difficile à trouver. Nous avons eu à voyager partout dans le monde. Et là où on allait, il demandait à ce que l’on soit voisin dans l’hôtel. Je tiens à dire que c’est quelqu’un qui ne triche jamais. Et ça, c’est rare dans l’espace politique où nous sommes», a fait savoir l’actuel conseiller politique du président de l’Assemblée nationale, Aliou Badara Diouck par ailleurs ancien maire progressiste de la Commune de Djidah Thiaroye Kao et ex -deuxième adjoint au maire de la Ville de Pikine de 2009 à 2014.
Son ancien collègue maire de Pikine-Est de 2009-2014 Malick Konté lui emboite le pas : «C’est triste ce décès d’Idrissa Diallo. C’est une très grande perte pour le Département de Pikine et pour la jeune génération pour son sérieux et ses convictions». Ibrahima Hann un des responsables de la coalition «Taxawu Khalifa» abonde dans le même sens : «Idrissa, voilà un homme véridique qui n’a de haine pour personne. Il ne triche pas dans ses relations. Tout le monde le connaissait au Conseil municipal pour son dévouement au travail et au respect à son prochain». Mapenda Faye, ancien conseiller municipal de la Ville de renchérir : «Idrissa, c’est mon grand-frère. Nous avons partagé un même conseil municipal pendant cinq ans. Mais il est exemplaire. Je crois que les générations futures qui s’engagent en politique doivent s’inspirer de lui. Car il a fait comprendre aux gens qu’on peut faire la politique sans être souillé, sans mentir et sans tricher». Pour l’agent municipal Sané que nous avons interpellé, «C’est une grosse perte. Le maire était exemplaire, travailleur, sérieux et social».
Originaire de la Casamance dans le Département de Sédhiou, Idrissa Diallo a grandi au quartier Perrisac de Ziguinchor où il obtenu son BEPC au Cemg de Ziguinchor pour ensuite être orienté au Lycée Technique Maurice Delafosse en Série E où il va décrocher son Bac. Après son Bac E en poche, Idrissa Diallo a eu à réussir au concours de l’IUT de Dakar où il décroche son diplôme de technicien en informatique. Ce qui va lui permettre d’intégrer le Port Autonome de Dakar dans les années 80. Une expérience professionnelle qui va ensuite le conduire à la création d’un syndicat dénommé Syndicat autonome des travailleurs du Port (Satap) dont il fut le premier secrétaire général. Entre-temps, Idrissa Diallo a pris le chemin de l’émigration vers les Etats-Unis où il séjournait régulièrement jusqu’en 2002 lors du naufrage du bateau «Le Joola» où il avait perdu 03 de ses enfants. Revenu au bercail, Idrissa Diallo a alors intégré le Collectif des familles des victimes du «Joola». Idrissa Diallo se fait une notoriété qui va le conduire à militer au Parti socialiste (Ps) au niveau de la douzième coordination B de Dalifort où il sera élu par la suite secrétaire général lors du renouvellement de ses instances en 2007. Il est investi tête de liste de la coalition Benno siggil Sénegal(Bss) dans cette commune lors des élections locales de 2009. Idrissa Diallo sera élu maire en 2009 en remplacement de Kansoubaly Ndiaye. Et en 2014, Idrissa Diallo a été réélu maire sous la bannière de la coalition «Taxawu Dalifort» avec l’aide toujours de ses camarades socialistes. En 2016, lors de la crise au sein du Ps plus particulièrement entre Ousmane Tanor Dieng et Khalifa Sall autour d’une candidature présidentielle, Idrissa Diallo a préféré se ranger derrière l’ancien maire de Dakar qu’il a accompagné jusqu’à son décès survenu, lundi dernier, à 62 ans.
Théodore SEMEDO