Même s’il doit aller au combat et à l’affrontement, le président de la République, candidat à sa propre succession, ne cédera pas un seul centimètre de terrain aux exigences des opposants.
Tous les ingrédients sont réunis pour une élection présidentielle difficile, pour dire le moins, tellement les positions du pouvoir et de l’opposition sont inconciliables sur plusieurs points sensibles. Il s’agit, entre autres, du droit ou non de l’opposition à accéder au fichier électoral, du cas Karim Wade et surtout de la personnalité qui doit organiser le scrutin présidentiel à venir. D’ailleurs, les candidats de l’opposition vont manifester le 29 novembre à la place de l’Obélisque. Ce, pour dire «non à la tentative de coup d’Etat électoral de Macky Sall, non à la gestion solitaire et opaque du fichier électoral par Macky Sall, non à la confiscation des cartes d’électeur et non à l’organisation de l’élection présidentielle par Aly Ngouille Ndiaye, ministre de l’Intérieur ».
Mais le gouvernement qui campe sur ses positions, leur a adressé une fin de non-recevoir, à travers son ministre de l’Intérieur, le très controversé Aly Ngouille Ndiaye. Et même s’il doit aller au combat et à l’affrontement, le président de la République, candidat à sa propre succession, ne cédera un seul centimètre de terrain aux exigences des opposants. Qu’il s’agisse du maintien du ministre de l’Intérieur comme organisateur des élections, du refus de mettre à la disposition de l’opposition le fichier électoral ou enfin de rendre à Karim Wade, le candidat déclaré du Pds, sa carte d’électeur et de permettre à Khalifa Sall de briguer le suffrage universel. «C’est à prendre ou à laisser», a semblé dire le ministre de l’Intérieur. En effet, ayant avec lui le monopole de la violence légitime et la puissance de la force publique, le chef de la coalition Benno Bokk Yaakaar semble être déterminé à aller à l’affrontement.
Le très controversé ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye a d’ailleurs prévenu l’opposition, avant-hier, à l’Assemblée nationale, lors du vote du budget de son département. Il a martelé à qui veut l’entendre qu’il ne mettra pas à la disposition des candidats de l’opposition le fichier électoral, qu’il organisera lui-même le scrutin présidentiel et Karim Wade n’en fera pas partie qu’il plaise ou non aux libéraux qui affirment que leur favori sera candidat de gré ou de force. «J’assurerai l’organisation des élections et la sécurité le jour du scrutin», avait-il déclaré et mis en garde les députés du Pds qui menacent de perturber le scrutin si leur candidat déclaré est interdit d’y prendre part. Se voulant plus persuasif, il avait prévenu les libéraux de Touba: «Ce qui s’est passé lors des élections législatives ne se reproduira plus», a-til prévenu. Mais ces menaces n’ébranlent pas outre mesure l’opposition. Député et vice-président du parti Rewmi, Déthié Fall a prévenu qu’ils combattront jusqu’à obtenir gain de cause quoi qu’il en coûte. «Vous nous avez gazés la dernière fois, préparez d’autres grenades lacrymogènes parce que nous allons revenir», a prévenu Déthié Fall.
Charles Gaïky DIENE