Il pourra peut-être se dire que nul n’est prophète chez soi. Mais à l’évidence, Mansour Faye est le mal aimé de l’Apr et de Benno. Personne ne lève le plus petit doigt pour tenter de le sauver de la noyade.
Visiblement le tout puissant ministre du Développement communautaire, de l’Equité sociale et territoriale, par ailleurs beau-frère du président Macky Sall n’a pas la cote auprès des siens, dans son propre parti, et chez ses alliés de la mouvance présidentielle. Aucun responsable de l’Alliance pour la République (Apr) ou de Benno Bokk Yaakaar n’a levé le plus petit doigt pour venir à son secours et tenter de le blanchir et le sortir dans la mélasse de riz où il patauge depuis un certain temps. Aucun communiqué venant du parti présidentiel, ou de ses structures ou même de la conférence de leaders de la coalition Benno n’est venu le soutenir.
Aucun des défenseurs zélés de la «galaxie Faye-Sall» pour reprendre un terme si cher au député Mamadou Lamine Diallo, ne l’a défendu. Toutes les «dames de compagnie» de la Première Dame, et Dieu sait qu’ils sont nombreux dans l’entourage gouvernemental, se terrent. Ils laissent le frère de leur bienfaitrice à la peine, suer à grosses gouttes devant les caméras de la télévision nationale en tentant d’éteindre l’incendie créé par l’attribution de l’achat et du transport de l’aide alimentaire. Ces inconditionnels de la Première Dame, pourtant si prompts à monter au front, à envahir tous les médias publics et privés pour défendre la Première dame face aux critiques d’un Mody Niang ou défendre Macky Sall face aux salves d’un Abdoul Mbaye ou d’un Ousmane Sonko, par exemple, brillent paradoxalement par leur manque de solidarité envers le beau-frère du président. Même les apéristes de Saint-Louis, la ville dont il est le maire, refusent de le soutenir. C’est comme si les militants de l’Apr et leurs alliés s’étaient passés le mot. Bien qu’il soit le frère de la toute puissante Première Dame, Mansour Faye est assurément le mal aimé du parti présidentiel et de la mouvance présidentielle en général. D’ailleurs certains apéristes rient sous cape et se pincent les lèvres, une manière pour eux de dire que c’est bien fait pour lui. «C’est le bon Dieu qui répare une injustice. Tous ceux qui étaient avec Macky Sall durant les années de braise sont mis de côté, exclus de la gestion des affaires publiques», signale un responsable apériste de la première heure. Puis de s’interroger : «Où était Mansour Faye quand nous nous battions avec Macky Sall ? Où était-il lorsque nous subissions les assauts et les grenades du régime de Wade, où étaient toutes personnes qui plastronnent aujourd’hui au sommet de l’Etat». Mansour Faye considéré comme un potentiel successeur de son beau-frère devra donc être prophète chez lui, polir son image auprès des siens avant de penser à gagner le cœur des millions des Sénégalais électeurs.
Charles Gaïky DIENE