De Médina Baye à Léona, l’ombre de Sidy Lamine Niass a plané au Gamou de Kaolack. L’édition 2019 a été marquée par ces témoignages sur le défunt homme. Son mausolée devient le passage obligé de tous les fidèles, qu’ils soient Sénégalais ou étrangers.
(Envoyé Spécial à Kaolack) – Rappelé à Dieu le 4 décembre 2018, bientôt un an, Sidy Lamine Niass demeure toujours dans les cœurs des Sénégalais. Son nom a retentit à Kaolack, durant la célébration du Maouloud 2019 où la naissance du Prophète (Psl). Ils sont nombreux ces personnes qui ont effectué un déplacement de leurs sites d’accueil au stand de Walf, dans les rues et à son mausolée qui est à Léona, pour des témoignages sur le défunt homme. Les fidèles n’hésitent pas à interpeller les journalistes qui ont leurs badges d’accréditations au cou pour leur demander leurs organes de presse. C’est ce qu’a fait Mame Khady Lô. Cette quarantenaire, qui a quitté le Saloum des profondeurs pour les besoins du Gamou regrette de n’avoir jamais serré la main au fondateur du groupe de presse du Front de terre. «Monsieur, vous êtes de quel organe de presse ?», lance-t-elle, avant de s’approcher. «J’ai été surprise le jour où sa télévision annonçait sa disparition. Ce jour, je n’avais pas pris les trois repas. J’ai crié comme si je le connaissais très bien. J’aurais très bien aimé le rencontrer, mais Dieu en a voulu autrement. C’est notre défenseur qui est parti», témoigne-t-elle.
A ses côtés, des marchands ambulants installés dans les stands qui longent la rue menant vers le lycée Valdiodio Ndiaye exposent leurs marchandises. Les va-et-vient s’intensifient. Dix pas, un adolescent qui veille au gré de la discussion, lève le doigt pour faire part de ses souvenirs sur Sidy Lamine. «Je n’arrive toujours pas à oublier Sidy Lamine Niass. A chaque fois que je suis les événements des grands intérêts, tout mon esprit se rappelle de lui. Ses analyses courageuses me manquent trop. Nous ne cesserons de prier pour le repos de son âme. Il a beaucoup fait», laisse-t-il entendre.
Politiciens, célébrités… se bousculent à la tombe de Sidy
En quittant l’ex-demeure de Baye Niass pour se rendre à la grande mosquée, tout juste près de l’esplanade, c’est l’image de Sidy Lamine Niass du stand du groupe de Wal Fadjiri qui attire les attentions. Les uns prennent des selfies, d’autres observent minutieusement cette pose où l’ancien directeur est vêtu d’un kaftan de couleur grisâtre, une bague sur l’une des mains, un regard bien fixe. «C’est comme s’il est toujours vivant. Je le porte dans mon cœur. Je me suis rendu jusqu’à son mausolée pour me prosterner devant sa tombe», laisse entendre un vieux pour qui l’homme était un homme extraordinaire. «C’est grâce à sa télévision que j’ai compris beaucoup de choses dans la vie, surtout les émissions religieuses», confie une vielle dame voilée venue de Kaffrine.
Quand certains fidèles recherchent les journalistes de Walf pour des témoignages sur celui qu’ils considèrent comme leur idole, de l’autre côté, à Leona Niassène, d’autres s’agenouillent devant son mausolée. Histoire de psalmodier des prières. L’endroit est facilement repérable, même si c’est derrière la mosquée. Pas besoin de demander d’indications. Il suffit de suivre la queue. A l’entrée, une odeur parfumée accueille les foules. Du sable blanc tamisé est étalé aux alentours de la pièce dans laquelle se situe la tombe. A l’intérieur, des fidèles s’accroupissent tout autour du mausolée. Pendant ce temps, compte tenu de la disponibilité de la salle devenue étroite, d’autres patientent dehors. Parmi eux, un groupe composé de cinq Nigérians. Faute d’interprète, on passe sous silence leurs témoignages.
Confessions intimes du gardien du mausolée
Ramata Baldé et ses deux copines, Ndèye Marie Ndiaye et Ndèye Ndiaye, sortent du mausolée. Drapées dans des grands boubous assortis de foulards et des chaussures ballerines, ces jeunes lycéennes viennent de Dakar. «Je viens de Fass. C’est la première fois que je célèbre le Gamou à Kaolack. C’est pour me recueillir au mausolée de Sidy. En tant que jeune, j’ai appris beaucoup de choses de lui. Ses positions me réconfortent. Il a décomplexé bon nombre de personnes issues des régions vivant à Dakar. Je veux me conformer à ses valeurs et principes», témoigne R. Baldé.
Pa Dicko Kane, le gardien du lieu est assis à gauche. «Depuis son décès, le nombre de visiteurs a augmenté. Je reçois chaque jour des centaines de personnes venues de toutes les localités du Sénégal. Elles viennent juste pour se prosterner sur sa tombe. Toutes les catégories professionnelles sont représentées», témoigne ce dernier. Selon lui, certaines entrent joviales et ressortent avec des visages tristes. «C’est comme si elles ont envie de pleurer. En cette période du Gamou, le nombre de visiteurs a connu une augmentation considérable. Ils font la queue. Certains viennent à des heures tardives, plus particulièrement des autorités du pays entre 2 et 3 heures du matin. Des Sénégalais basés à l’étranger viennent souvent ici», confesse-t-il en refusant de citer des noms. Tout ce qu’on peut retenir en est qu’il s’agit de célèbres hommes politiques et affairistes.