Auteur du livre « Thiaroye 1944, Histoire et mémoire d’un massacre colonial », Martin MOURRE n’a guère rigolé après la boutade de Macky SALL sur les tirailleurs sénégalais.
Dans un entretien avec le journal Enquête, l’historien français accuse le président SALL de faire du révisionnisme.
« Moi, je pense que ce sont les mots de Macky SALL qui sont trop forts. C’est clairement une erreur révisionniste très fâcheuse », déclare Martin MOURRE.
Pour l’historien, « ce n’est pas seulement une erreur factuelle. Il y a un propos beaucoup plus général qui semble dire que, finalement, il y a beaucoup de choses bien dans la colonisation, que les Français traitaient bien les Sénégalais, avec beaucoup de respect ».
Selon lui, si un homme politique français avait tenu de tels propos, « tout le monde lui tomberait dessus ».
Et Martin MOURRE de faire un cours d’histoire à Macky SALL sur la colonisation. « Le fond du problème, c’est qu’on a un Etat avec des intérêts et système capitaliste qui essaie d’assujettir d’autres. Il y a une dimension raciale ; mais le fond du problème c’est la logique des intérêts. On ne peut pas dire que les trains, l’éducation, la santé ne sont des aspects positifs de la colonisation. Ce sont des conséquences. Il faut un train pour transporter la marchandise hors du pays. Il faut une élite éduquée pour assurer la suite de la colonie… Penser les choses en bien et moins bien c’est occulter le système de domination », observe-t-il.
Interpellé sur la personnalité de l’actuel président du Sénégal en comparaison avec Leopold SENGHOR, Martin MOURRE dézingue Macky SALL. « Macky SALL et SENGHOR ont une vision qui les rapproche par rapport à l’impérialisme français, les intérêts de la France. Politiquement et économiquement, ce sont des visions qui sont proches. La grande différence, c’est que SENGHOR est un immense personnage, un poète d’envergure. Il y aussi une vision politique qui est faite de métissage, de la symbiose des peuples. Macky SALL n’a aucune envergure de ce type. Mais ce sont des phénomènes que l’on voit dans beaucoup de pays. Quand on regarde les hommes d’Etat d’il y a 50 ans et les hommes d’Etat aujourd’hui, il n’y pas de photo », assène l’historien français.
WALFNet