La délégation générale au pèlerinage et les voyagistes privés ne parlent pas le même langage. Alors que les privés sont plutôt préoccupés par le respect du cahier de charges, le Pr Abdoul Aziz Kébé et son équipe les invitent à faire prévaloir le dialogue au lieu de solder leurs comptes au tribunal.
Les candidats au pèlerinage pour l’année prochaine risquent de vivre les mêmes difficultés que leurs prédécesseurs. Et pour cause, au moment où les privés interpellent les autorités pour le respect des points inscrits sur le cahier de charges pour éviter les couacs, la délégation générale au pèlerinage les invite à privilégier le dialogue et à laver la linge sale en famille au lieu d’aller au tribunal avec leurs clients. «A la sortie du pèlerinage de cette année, nous avons rencontré quelques problèmes. Raison pour laquelle, nous avons convié tous nos partenaires, aujourd’hui (hier, Ndlr), pour essayer de voir où se situent les difficultés pour que nous puissions rectifier le tir avant l’année prochaine», lance Colonel Moustapha Ndiongue, président du Regroupement national des organisateurs privés pour le hajj et la Umrah au Sénégal (Renophus). Il s’exprimait, hier, en marge d’une rencontre pour faire le bilan de l’édition 2019 du hajj.
Ce dernier rappelle que c’est la délégation générale qui organise le pèlerinage pour tous les Sénégalais et les privés ne sont que des délégataires. Mieux, Colonel Ndiongue fait noter que le chef de l’Etat avait l’ambition de privatiser le pèlerinage au Sénégal. Et dans ce sens, Macky Sall avait décidé le retrait progressif de la délégation générale. Il affirme que, cette année, le privé a convoyé 11 mille pèlerins sur les 13 mille qui ont fait le hajj. Soit presque 85 % des pèlerins. Seulement, dit-il, ce que les privés attendent de la délégation générale c’est une collaboration saine. Autrement dit, que chacun joue sa partition. Car les voyagistes privés rencontrent d’énormes difficultés au niveau des regroupements. Sur ce, il demande à l’Etat d’appliquer correctement les points inscrits sur les cahiers de charge. Parce que le règlement fixe le nombre minimum et maximum de pèlerins à convoyer par voyagiste ou par regroupements de voyagistes agréés, respectivement à 100 et à 600. Donc les privés estiment que les regroupements doivent être homogènes, organiques et naturels pour éviter les conflits récurrents entre voyagistes.
En outre Colonel Moustapha Ndiongue souligne que, d’habitude, chaque année quand la délégation générale partait en Arabie Saoudite, quelques représentants des privés l’accompagnaient pour discuter avec les partenaires saoudiens du déroulement du hajj et des modalités retenues. Malheureusement, l’année dernière, aucun membre issu du privé n’a été convié à cette rencontre. Et pourtant, selon lui, c’est à l’issue de cette mission qu’un procès-verbal est rédigé entre les autorités saoudiennes et la délégation générale au pèlerinage. Un document sur lequel tous les modalités et fondamentaux pour l’organisation du pèlerinage figurent.
Pour sa part, Pape Ousseynou Seye, secrétaire permanent à la délégation générale au pèlerinage, soutient que la communauté du pèlerinage, comme toute autre, rencontre des difficultés. Parce qu’il y a souvent des contentieux entre les privés ou les partenaires avec qui la délégation générale travaille. Mais, depuis 2016, cette dernière privilégie la concertation pour que l’ensemble de ces différends entre les acteurs soient réglés en interne au niveau de la délégation générale. D’ailleurs, renseigne-t-il, c’est la raison pour laquelle Pr Abdoul Aziz Kébé et ses collègues ont mis en place un Comité de conciliation qui, l’année dernière, a pu régler 18 cas qui opposaient des privés et des partenaires sénégalais ou saoudiens. C’est pourquoi, ils renouvellent leur appel pour que les contentieux soient portés à la connaissance de la délégation générale au pèlerinage. Ce, afin d’éviter qu’ils atterrissent au tribunal. S’agissant des problèmes liés au transport aérien, l’ancien ambassadeur du Sénégal en Arabie Saoudite pense que leur collaboration avec les responsables de ces compagnies aériennes mériterait d’être renforcée. «Les autorités saoudiennes ont décidé, à partir de la prochaine édition du hajj, d’exiger des intervenants dans l’organisation au pèlerinage une licence. Et nous précisons que cette décision n’épargne personne et elle permet de mieux rationnaliser le déroulement du pèlerinage. Pour ce faire, un climat sain et apaisé doit toujours exister entre les acteurs et les pèlerins», souhaite-t-il.
Samba BARRY