C’est parti pour 10 jours de procès pour l’ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme, Lamine Diack et ses co-prévenus dont son fils, Papa Massata. Ils sont soupçonnés de «corruption passive et d’active» dans l’affaire du contrôle anti dopage des athlètes russes.
Après quatre ans d’enquête, c’est aujourd’hui, 13 janvier 2020, que le tribunal correctionnel de Paris ouvre le procès de l’ex-patron de l’athlétisme mondial, Lamine Diack, de son fils, Papa Massata Diack, de son conseiller juridique, Habib Cissé, de l’ancien chargé de l’antidopage de l’Iaaf, Gabriel Dollé. Ils sont soupçonnés d’être au cœur d’un système de corruption pour couvrir des cas de dopage d’athlètes russes. Plusieurs chefs d’accusation pèsent sur le Sénégalais qui a dirigé la Fédération internationale d’athlétisme entre 1999 et 2015 et Cie. Il s’agit entre autres, de «corruption active et passive», «d’abus de confiance» et «de blanchiment en bande organisée».
Lancée en 2015 par le parquet national financier, cette enquête aux ramifications internationales, d’après les médias français, a exploré tous les recoins d’un pacte de corruption présumé, sur fond de dopage institutionnel en Russie. En effet, indique-ton, l’ancien président de l’Iaaf «aurait obtenu des fonds russes pour des campagnes politiques au Sénégal, en échange de l’indulgence des services antidopage de l’Iaaf». Il est aussi souligné que le pacte aurait permis de faciliter des négociations avec des sponsors et des diffuseurs russes, avant les Mondiaux d’athlétisme à Moscou en 2013. C’est le juge Renaud Van Ruymbeke et son équipe qui ont mené des investigations avant de signer le 19 juin son ordonnance de renvoi.
Outre Lamine Diack, le juge a renvoyé devant le tribunal cinq autres protagonistes dont son fils, Papa Massata Diack, ex-puissant conseiller à l’Iaaf, chargé du dossier des droits marketing, aux montants colossaux. Mais, le président de Pamodzi ne participera pas au procès. Depuis l’éclatement du dossier, il est cloué à Dakar et ne fait aucun mouvement. Il n’a toutefois jamais pu être interrogé par la justice française, qui a lancé un mandat d’arrêt contre lui. D’ailleurs, la justice française qui n’a pas eu l’opportunité de l’interroger avait émis un mandat d’arrêt contre lui. D’après son avocat, Me Moussa Sarr, qui sera à Paris pour le procès, son client ne fera pas le déplacement parce que la justice française n’est pas compétente pour le juger dans cette affaire. «Si je me suis constitué et que j’ai accepté de le défendre, c’est parce que je pense que le procès n’est pas fondé aussi bien en fait qu’en droit. Je suis optimiste et convaincu que mon client est innocent. J’ai cette conviction et je vais faire partager cette conviction avec la juridiction française. Je mettrai toutes les ressources que me donne la loi à ma disposition pour défendre parfaitement mon client qui conteste les faits», a expliqué, sur emedia.sn, Me Sarr.
Papa Massata Diack est soupçonné d’avoir joué un «rôle central» dans ce système. Il est notamment poursuivi pour «blanchiment en bande organisée», «corruption active» et «complicité de corruption passive».
Les Sénégalais ne seront pas les seuls à être jugés. Côté russe, Valentin Balakhnichev et Alexeï Melnikov, qui fut l’entraîneur en chef des courses de fond à la Fédération russe d’athlétisme, doivent répondre de «corruption passive et active», ainsi que de «blanchiment aggravé» pour le premier, et de «corruption passive» pour le second. Tous deux sont sous le coup d’un mandat d’arrêt des juges français.
La justice française qui est compétente parce que des fonds ont pu être blanchis sur son territoire, avait été saisie par l’Agence mondiale antidopage (AMA) en 2015. L’année suivante, une enquête commandée par cette agence a révélé un système de dopage institutionnel en Russie, allant au-delà de l’athlétisme. Parce qu’elle a montré des connivences entre les autorités russes et celles de Iaaf pour masquer et effacer les résultats positifs après des contrôles anti-dopage sur des athlètes du pays de Poutine.
Mamadou GACKO