Avec cette décision qui semble sans appel, les exclus du Parti socialiste ont maintenant le choix de prendre acte de cette décision et de faire amende honorable en rentrant dans les rangs. Ils ont aussi la possibilité de tourner la page du PS et de créer leur propre formation politique. Enfin, ils peuvent se battre en interne pour avoir le contrôle du PS.
Khalifa Sall, Barthélémy Dias, Aïssata Tall Sall, Bamba Fall et Cie qui ont été exclus du Ps ne sont pas les premières victimes d’Ousmane Tanor Dieng.
Plusieurs responsables de ce parti se sont heurtés à la toute puissance du secrétaire général du Ps. Exclu du Ps par le Bureau politique, lors de sa réunion mercredi 03 octobre 2012, Malick Noël Seck, alors secrétaire général de Convergence socialiste a définitivement tourné la page Ps. Il a créé son parti Front national de salut public/Mom sarew. Avant lui, un autre socialiste Djibo Ka, frustré par l’ascension de l’actuel homme fort du Ps avait lui aussi claqué la porte du parti et mis sur pied l’Urd. Avec dix autres camarades, il crée le courant du Renouveau démocratique au sein de leur parti. Par la suite il est porté par une coalition de partis aux élections législatives de 1998. Pour une première Djibo Ka remporte onze sièges sur les 140 que comptait alors l’Assemblée nationale.
Un certain Moustapha Niasse, lui aussi mécontent de la mainmise grandissante de Ousmane Tanor Dieng sur le Ps, avait claqué la porte du parti et créé l’Alliance des forces de progrès (Afp). En 2000, il est candidat à l’élection présidentielle. Il arrive en troisième position au premier tour avec 16,8 %. À la suite de la victoire du candidat Abdoulaye Wade, il est nommé Premier ministre. Robert Sagna, Souty Touré, Abdourahim Agne et beaucoup de socialistes ont également tourné le dos à leur formation politique originelle et ont continué leur carrière politique dans d’autres cadres. Ils n’ont pas cherché à combattre en interne pour avoir le contrôle de l’appareil du parti.
C’est ce que Malick Gakou et d’autres anciens responsables de l’Afp ont également fait face à la détermination de Moustapha Niasse, secrétaire général de leur formation politique, de se ranger résolument derrière le Président Macky Sall et son parti l’Apr. Contrairement aux socialistes, ces progressistes n’étaient pas encore exclus de l’Afp mais ils considéraient que l’ambition de leur leader était de faire du parti un souteneur fidèle et loyal de l’Apr.
L’autre scénario qui s’offre au député-maire de Dakar, aux maires de la Médina, de Podor, de Dalifort et de Mermoz-Sacré-Cœur, c’est de rentrer dans les rangs et de faire amende honorable. Mais il est peut probable que ces responsables socialistes abdiquent et rentrent dans les rangs ou qu’ils quittent le parti et créent leur formation politique. «Cette décision est inique, nulle et non avenue. (…) Quand la décision nous sera notifiée, les voies de recours existantes, nous les mènerons et la direction du Parti socialiste en aura pour ses frais», avertit Aïssata Tall Sall interrogée par la Rfm. «Nous sommes socialistes, nous restons socialistes et nous mourrons socialistes», martèle aussi Bamba Fall.
Ainsi, on le voit, tout porte à croire que ces exclus n’entendent pas quitter le Ps ou renier leurs convictions. Ils vont se battre pour arracher le parti des mains d’Ousmane Tanor Dieng. Aïssata Tall Sall et Khalifa Sall ne font pas mystère de leurs ambitions présidentielles et ils comptent briguer le suffrage des Sénégalais en 2019 sous la bannière socialiste. Ils ne font pas non plus mystère de leurs ambitions de prendre le contrôle de la direction du parti. Barthélémy Dias affirme que leur objectif, c’est d’arracher le parti des mains de la direction actuelle et d’aller à la conquête du suffrage universel en 2019. «Notre mission, c’est sortir de Kaolack avec de nouvelles conquêtes et de nouvelles ambitions et c’est Khalifa Sall qui va les porter», avait déclaré Barthélémy Dias avant leur colloque de Kaolack. «Le Ps compte aller en compétition en 2019, et nous souhaitons investir Khalifa Sall candidat du Ps pour la présidentielle de 2019», avait-t-il précisé.
Dans ce cas, on s’achemine tout droit vers le syndrome AJ, vers un autre feuilleton politico-judiciaire. Tous les ingrédients sont réunis pour un procès comme c’est le fut le cas entre Landing Savané et son ancien bras droit à AJ de 2009 à 2013. Une guerre entre camarades de parti qui s’est terminée à la barre du tribunal correctionnel.
Le secrétaire général d’Aj/Pads et son bras droit se livraient depuis à une guerre sans merci pour le contrôle de l’appareil du parti. Une bataille ayant abouti à l’exclusion de Mamadou Diop Decroix des rangs d’Aj/Pads. Cette décision avait été contestée par «l’exclu».
Il en a résulté l’organisation d’un congrès à l’issue duquel Mamadou Diop Decroix a été élu nouveau secrétaire général d’Aj/Pads. Landing Savané traîna Mamadou Diop Decroix devant le tribunal correctionnel pour, entre autres délits, «faux et usage de faux, usurpation». Cet imbroglio politico-juridique se répète aujourd’hui. Car Ousmane Tanor Dieng et ses partisans ne se feront pas prier pour porter plainte contre leurs adversaires en cas d’usage du sigle officiel du parti.
Bamba Fall, Idrissa Diallo, Aïssata Tall Sall, etc ont été exclus du Ps pour «voies et faits et agressions violentes» survenues le 5 mars 2016 à l’occasion de la session du Bureau politique, «activités parallèles», aux orientations du parti.
Charles Gaïky DIENE