L’histoire politique sénégalaise semble être un éternel recommencement. Après le feuilleton AJ, on va tout droit vers un autre feuilleton politico-judiciaire, celui du Ps. Un parti profondément divisé depuis ce dimanche avec la création du Ps des valeurs. Ainsi, le Ps est officiellement scindé en deux: le Ps de Ousmane Tanor Dieng et le Ps des valeurs de Khalifa Sall qui a vu le jour ce dimanche à Kaolack. Deux Ps qui s’excluent mutuellement.
Khalifa Sall et ses partisans ne font plus mystère de leur ambition qui est de prendre le contrôle de la direction du parti. Barthélémy Dias, le bras droit du député-maire de Dakar et maire de Mermoz-Sacré-cœur affirme que leur objectif, c’est d’arracher le parti des mains de la direction actuelle et d’aller à la conquête du suffrage universel en 2019. «Notre mission, c’est sortir de Kaolack avec de nouvelles conquêtes et de nouvelles ambitions et c’est Khalifa Sall qui va les porter», a poursuivi Barthélémy Dias qui s’exprimait, lors d’une conférence de presse au quartier général de la coalition Mankoo Taxawu Senegaal. «Le Ps compte aller en compétition en 2019, et nous souhaitons investir Khalifa Sall candidat du Ps pour la présidentielle de 2019», a-t-il précisé.
Mais pour Abdoulaye Wilane, le porte-parole du parti, ce conclave de Kaolack et l’impression de cartes de membre sont des «preuves de plus des activités fractionnistes» des partisans du député-maire de Dakar, Khalifa Sall.
Avec la création du Ps des valeurs et sa propre carte de membre et l’exclusion annoncée pour le mois de janvier des frondeurs, tous les ingrédients sont réunis pour un procès comme ce fut le cas entre Landing Savané et son ancien bras droit à AJ Mamadou Diop Decroix de 2009 à 2013. Une guerre entre camarades de parti qui s’est terminée à la barre du tribunal correctionnel.
Le secrétaire général d’Aj/Pads et son bras droit se livraient depuis à une guerre sans merci pour le contrôle de l’appareil du parti. Une bataille ayant abouti à l’exclusion de Mamadou Diop Decroix des rangs d’Aj/Pads. Cette décision avait été contestée par «l’exclu». Il en a résulté l’organisation d’un congrès à l’issue duquel Mamadou Diop Decroix a été élu nouveau secrétaire général d’Aj/Pads. Dans la foulée, ce dernier sommera son ancien patron de procéder à une passation de service et de ne plus utiliser les sigles du parti. Ce que Landing Savané rejeta catégoriquement estimant que son ancien bras droit n’avait plus le droit de parler ni de se présenter où que ce soit sous le nom d’Aj/Pads. Mieux, Landing Savané traîna Mamadou Diop Decroix devant le tribunal correctionnel pour, entre autres délits, «faux et usage de faux, usurpation». Cet imbroglio politico-juridique se répète aujourd’hui. Car Ousmane Tanor Dieng et ses partisans ne se feront pas prier pour porter plainte contre leurs adversaires en cas d’usage du sigle officiel du parti.
Mais contrairement au feuilleton AJ, ici les rôles sont inversés. Mamadou Diop Decroix le frondeur était du côté du pouvoir et il avait gagné le procès. Son rival Landing Savané membre de l’opposition était obligé de changer de nom en devenant AJ/Authentique. Aujourd’hui, les frondeurs sont du mauvais côté, dans l’opposition, et la direction du Ps proche du président de la République Macky Sall.
Donc, leurs chances de gagner un procès sont quasiment nulles. Mieux, il leur sera difficile d’obtenir une reconnaissance officielle, car le ministre de l’Intérieur se fera sans nul doute un malin plaisir à traîner les choses pour ne pas leur octroyer un récépissé avant la présidentielle de 2019. Même si par ailleurs, ils peuvent contourner cet écueil en empruntant un récépissé ou en s’alliant avec des partis politiques pour aller à la prochaine élection présidentielle.
Charles Gaiky DIENE