Habitués à se frotter les mains en veille de fêtes de pâques à cause des préparations du «ngalax», repas traditionnel servi le vendredi saint, meuniers et commerçants devront prendre leur mal en patience. Du moins pour le moment. Parce que les clients tardent à venir les voir pour leur approvisionnement.
A quelques jours de la célébration des fêtes de pâques, ce n’est pas le grand rush au marché de Grand-Yoff. L’ambiance y est morose. Les clients qui, d’habitude, viennent pour acheter les produits nécessaires à la préparation du «ngalax» se font toujours désirer. Ici, vendeurs de raisin, de pâte d’arachide et de pain de singe continuent de se tourner les pouces dans l’espoir de voir un client.
A quelques mètres de l’église Saint-Paul de Grand Yoff, à un coin de la rue, le ronronnement du moteur d’un moulin à mil attire l’attention des passants. Un petit bâtiment très étroit héberge la machine. Devant la porte, Matar Seck est assis sur un banc en bois. La mine déconfite, le jeune garçon scrute l’arrivée des clients. Interpellé, il affirme que les clients se font rares pour le moment. «C’est souvent à ces périodes seulement que nous gagnons beaucoup d’argent. Mais, pour dire la vérité, il n’y a pas assez de clients. Mais on ne perd pas espoir, parce que d’habitude les gens attendent toujours le dernier moment pour venir. C’était le cas pour moi, l’année dernière. Deux jours avant les fêtes, il m’est arrivé de travailler jusqu’à 22 heures parce qu’il y avait toujours des clients qui venaient pour moudre leur mil», lance-t-il.
Mais Matar Seck n’est pas seul dans sa situation. Il la partage avec les vendeurs de pain de singe, de pâte d’arachide, etc. Pour le moment, ils vivent tous dans l’espoir de jours meilleurs. Tous peinent à écouler leurs produits.
A l’intérieur du marché, les va-et-vient des marchands et clients rendent difficile la circulation entre les tables qui forment deux grandes allées. Un cocktail d’odeur de légumes frais, de viande et de poisson envahit l’atmosphère. Assis devant la porte de sa boutique, Alpha Ndiaye, un jeune vendeur, s’affaire à confectionner des sachets de pâte d’arachide et de pain de singe. «Disons que ça marche un peu. Mais on a espoir que ça va changer après. Parce que, plus les fêtes s’approchent, plus on reçoit de plus en plus de clients. Là, je suis en train de mettre des sachets pour faciliter la vente au détail. Certains clients préfèrent acheter les sachets, parce qu’ils disent que c’est plus rentable pour eux», déclare-t-il.
Les prix des sachets de pâte d’arachide varient entre 200 et 500 F Cfa. Le kilogramme s’échange à 800 Cfa. Pour le pain de singe, le kilogramme coûte 1 000 F Cfa. Pour le détail de ce produit, les sachets sont vendus entre 500 et 250 F Cfa.
A quelques jets de pierre de là, Balla Diouf tient une boutique d’alimentation générale. En dehors de la pâte d’arachide, tous les produits qui permettent de préparer le «ngalax» sont bien en place. Les sacs de pain de singe sont juxtaposés dans la boutique. Les sachets de raisin et de sucre en poudre sont visibles sur les placards. D’après le gérant, le pain de singe ne se vend pas par sac, mais plutôt par kilogramme et par sachets de 500 grammes. A la question de savoir si les clients viennent pour s’approvisionner, le boutiquier émet sur la même fréquence que ses autres collègues.
Samba BARRY