A la Haye, aux Pays-Bas, la Cour pénale internationale (Cpi) a entamé hier, le deuxième jour du procès de l’ancien chef de l’Etat ivoirien et de son ancien ministre la Jeunesse, Charles Blé Goudé. Pour cette nouvelle journée, c’est le procureur Eric Mc Donald qui entre dans la danse. Et c’est pour charger le prédécesseur d’Alassane Ouattara au pouvoir.
Il révèle de graves accusations contre Laurent Gbagbo. Parce qu’il souligne que l’ex-président a, lui-même, donné des ordres qui sont à l’origine des crimes qui ont suivi l’élection présidentielle qui a vu Ouattara vainqueur. «L’accusation avance que M. Gbagbo a donné les ordres qui ont suscité les crimes», a soutenu l’adjoint de la Gambienne Fatou Bensouda. D’après le procureur, les éléments de preuve contre le camp Gbagbo existent et ils sont nombreux, notamment en ce qui concerne sa responsabilité présumée dans la marche Radiotélévision ivoirienne (Rti) du 16 décembre 2010, du bombardement dans le quartier d’Abobo en mars 2011 ou encore du massacre de civils à Yopougon un mois plus tard. Il souligne que ces crimes «n’étaient pas sans lien les uns avec les autres. Ils n’étaient pas des actes isolés. Les éléments de preuve démontrent qu’il existe manifestement une ligne de conduite».
Le bureau du procureur est sans doute dans l’objectif de démontrer l’implication des accusés dans la crise qu’a connue le pays entre 2010-2011. Le procureur Eric Mc Donald est donc resté fidèle à la ligne de l’accusation. Preuve à l’appui, le collaborateur de Mme Bensouda estime que Laurent Gbagbo était bel bien conscient que les instructions données aux Forces de défense et de sécurité (Fds) aboutiraient à la commission de ces crimes. Ainsi, il souligne qu’avec avec la ferme volonté de confisquer le pouvoir d’Etat, Laurent Gbagbo serait impliqué dans l’élaboration d’un plan commun visant au «massacre de civils». «Laurent Gbagbo a demandé à ses troupes de poursuivre les combats et de renforcer les barrages routiers. Il était conscient que des crimes allaient être commis par ses subordonnées et autres mercenaires. Il a donc participé à l’élaboration du plan commun», souligne Eric Mc Donald.
Il s’inscrit ainsi dans la lignée du procureur général James Stewart, qui lundi dernier lors de l’ouverture de ce procès, avait indiqué que la chambre de première instance devrait attendre la fin du procès avant de se prononcer sur la demande d’acquittement déposée par les avocats de la défense. Les conseillers de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé invitaient la chambre de première instance à s’interroger sur l’insuffisance de preuves ? A cette question, James Stewart a répondu par la négative, estimant qu’elle devrait attendre la fin du procès pour se prononcer sur ce point. A l’en croire, le procès doit aller à son terme, avec la présentation des témoins de la défense.
Un argumentaire qui n’a visiblement pas totalement convaincu le juge. Toutefois, fidèles à leur ligne de départ, les avocats de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé exigent toujours le non lieu total pour leurs clients. Ils estiment que le parquet n’a pas suffisamment de preuves pour maintenir les deux anciennes autorités en prison. D’ailleurs durant ce procès, ils vont présenter leurs propres témoins.
Mamadou GACKO