Le doute n’est plus permis. A moins qu’une puissance surnaturelle vienne souffler à l’oreille du leader de l’Alliance pour la république (Apr), le référendum calé au 20 mars prochain va bien se tenir. Malgré la grande controverse qui l’a accueilli et l’appel inaudible au dialogue du chef de l’Etat, le scrutin a été béni par la convocation du corps électoral. Sur le terrain politique, pourfendeurs du régime et partisans de Macky Sall se disputent plateaux de télévision et autres pages de quotidien.
Une campagne anticipée par le président de la République, lui-même, qui, lors de son adresse à la nation a, à plusieurs fois, appelé à voter «Oui». Fort de ses pouvoirs, Macky Sall prend les initiatives une à une réservant la primeur à ses camarades de parti. Ainsi, entouré des membres du Secrétariat exécutif national (Sen) de l’Apr, il renseigne avoir pris un décret convoquant le collège électoral et qu’un autre, prorogeant la validité des Cartes d’identité et d’électeur, allait suivre.
Seulement, le référendum étant une élection particulière qui ne met pas directement aux prises des partis politiques distincts, la question de la transparence est très peu évoquée. Le décret n°2016-262 du 19 février 2016 portant organisation d’un référendum ne laissant aucune trace pour éclairer sur les modalités du scrutin, les supputations vont bon train. Sans s’épancher outre-mesure sur la question, Mamadou Diop Decroix avait seulement alerté : «Si on boycotte le référendum, ils manipuleront les chiffres, votons non.» Mais, cette phrase suffit à renseigner sur la difficulté qu’auront les partisans du «Non» à contrôler un scrutin que le code électoral prend à peine en charge. Interpellé sur la question, Ndiaga Sylla, expert électoral, trouve qu’«au Sénégal, la législation comporte des carences quant aux modalités d’organisation du référendum lesquelles ne sont pas régies par le code électoral». Poursuivant, le consultant admet que «l’article 51, qui confère au président de la République la prérogative de soumettre tout projet de loi constitutionnelle au référendum, énonce, en son alinéa 3, que ‘’les Cours et Tribunaux veillent à la régularité des opérations de référendum. Le Conseil constitutionnel en proclame les résultats’’». «Seulement, poursuit-il, cette disposition reste assez vague et ne renvoie à aucune loi particulière.» S’agissant du vote à proprement parler, Ndiaga Sylla renseigne que «le président de la République se fondant sur l’article 51 de la Constitution, convoque, par décret, le référendum et en fixe les modalités d’organisation. Un décret organise les modalités de déroulement de la campagne, des opérations électorales, la proclamation des résultats des bureaux de vote, du recensement des votes et de la proclamation des résultats provisoires. Enfin comme prévu par la Constitution, le Conseil constitutionnel en proclame les résultats».
Mame Birame WATHIE