La lutte pour la suppression de la monnaie coloniale, le Franc Cfa, s’est intensifiée cette année encore.
En première ligne de ce combat de souveraineté, des intellectuels, artistes, activistes et autres qui ne veulent plus de cette monnaie coloniale qui freine le développement du continent. Et à côté des grandes mobilisations dans les différentes capitales africaines et même occidentales, deux faits majeurs ont marqué cette lutte, cette année : l’incinération d’un billet de banque par l’activiste, Kemi Séba, et le renvoi brutal de l’économiste Kako Nubukpo de l’Organisation internationale de la francophonie (Oif) pour une tribune contre le franc Cfa publiée par le journal Le Monde.
Président de l’Ong «Urgences Panafricanistes» Kémi Séba avait brûlé un billet de 5 000 francs Cfa lors d’un rassemblement à la place de l’Obélisque de Dakar, le 19 août dernier. L’acte étant jugé grave par la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao) qui a porté plainte contre lui, il a été interpellé par la Dic, placé en garde à vue avant d’être expulsé du Sénégal vers la France, sa patrie où il continue sa lutte contre la «Françafrique».
Quant à l’économiste togolais Kako Nubukpo, il a été évincé de son poste à l’Oif pour sa farouche opposition au Franc Cfa, lui qui veut «Sortir l’Afrique de la servitude monétaire» (Titre d’un de ses ouvrages, éd. La Dispute)
Dans un article que lui a consacré le journal français Libération, il affirme qu’il est temps que les pays de la zone Franc des colonies françaises d’Afrique Cfa créée en décembre 1945 par la France du général de Gaulle, sortent «de ce lien colonial, de cette dépendance, de cette allégeance…» avec la France. «Nul besoin d’être économiste pour comprendre qu’arrimée à l’euro, notre monnaie est une monnaie forte, dit-il. Une monnaie surévaluée permet d’acheter des biens à l’extérieur, via les importations. Mais elle empêche le développement d’une production locale. Impossible, dans ces conditions, de reproduire ce que la plupart des économies émergentes asiatiques ont su faire en leur temps», confiait-il à nos confrères.
Seyni DIOP & Adama COULIBALY