Plusieurs manifestants contre la loi électorale arrêtés sont soumis à la torture dans leurs lieux de détention. Selon des opposants gambiens établis dans la capitale sénégalaise, trois jeunes n’auraient pas survécu.
Les Gambiens qui ont manifesté jeudi dernier dans les rues de Sérécounda pour protester contre la nouvelle loi électorale ont été violemment réprimés. Des informations font état de tortures subies par les jeunes manifestants. Trois d’entre eux n’auraient pas survécu à leurs sévices, expliquent certains opposants gambiens.
«Ce sont une trentaine de jeunes arrêtés qui sont torturés physiquement et mentalement. Ils sont en train de subir des sévices corporels dans leurs lieux respectifs de détention», confiait, hier, à Walf un de ces opposants qui citait les noms d’Ebrima Solo Sandeng, coordinateur national chargé de la mobilisation du principal parti d’opposition United Democratic. Des femmes de l’Udp comme Fatoumata Jawara, Nokoi Njie et Fatou Camara font également partie de la vingtaine de personnes arrêtées et présentement soumises à la torture, soutenait-il.
Plusieurs raisons expliquent la descente dans la rue de ces manifestants arrêtés, en l’absence de Jammeh qui se trouvait en Turquie, dans le cadre de la 13ème conférence de l’Oci ouverte avant-hier à Istanbul. Ils protestaient contre la loi électorale et revendiquaient des réformes en la matière. Avec notamment les mandats illimités du président de la République qui va en briguer un cinquième en décembre prochain. Les protestataires dénonçaient aussi, selon nos sources, le «népotisme» entretenu autour de la nomination de certains proches du président gambien, lesquels sont impliqués dans le processus électorale ou dans son organisation.
Par exemple, un ancien fidèle de l’Alliance dirigeante pour la réorientation patriotique et la construction (Aprc) a été nommé président de la Commission électorale indépendante (Iec). Sa nomination est d’autant plus contestée que ce dernier est, aujourd’hui, maintenu à son poste, malgré l’épuisement de ses deux mandats de sept ans. Or, l’intéressé en est à sa quinzième année de règne à la tête de ladite commission. D’autres motifs ont poussé ces Gambiens exaspérés à la révolte populaire, à savoir : les mandats présidentiels illimités, le fichier électoral, entre autres.
Jeudi dernier, des Gambiens ont manifesté contre la réforme électorale à Serrekunda, la plus grande ville de la Gambie, située à environ 10 km au sud-ouest de la capitale, Banjul. Selon la presse gambienne, plus de 40 manifestants ont arpenté les artères de la ville. Et d’après des journalistes gambiens, de vieilles femmes ont pris part à la marche de protestation. La nouvelle loi électorale gambienne stipule que pour pouvoir participer à l’élection présidentielle, que «tout candidat doit verser 500 000 dalasi (environ 8 millions francs Cfa) pour faire enregistrer sa candidature». Le futur candidat doit également rassembler les signatures de soutien de 10 mille citoyens ou bien s’il n’a pas encore de parti politique, il est obligé de payer 500 mille dalasi pour le droit d’en former un. La loi prévoit aussi qu’il faut être âgé de moins de 65 ans pour se porter candidat.
WALF