C’est sur le terrain judiciaire que va se régler le problème de la surtaxe imposée par les multinationales étrangères qui opèrent au port de Dakar. Les acteurs portuaires s’attachent les services de l’ex-batonnier, Me Ameth Bâ, pour faire cesser cette pratique pourtant jugée «illégale» par le ministère du Commerce, parce que non prévu dans l’arrêté n°09854 du 06 mai 2015, portant homologation des tarifs de manutention de conteneurs.
Les acteurs portuaires comptent se déployer sur le terrain judiciaire. Ils vont, en effet, attaquer devant les tribunaux la surtaxe imposée par les multinationales étrangères qui opèrent au Port autonome de Dakar (Pad). C’est ainsi que le cabinet de l’ancien bâtonnier, Me Ameth Bâ, est désigné pour «engager la bataille judiciaire contre les multinationales étrangères».
A défaut de faire cesser cette pratique vue comme une «hérésie», ils en appellent à l’arbitrage de la Primature et du ministère de l’Economie, des Finances et du Plan. Et si ces démarches ne permettent pas de faire suspendre la taxe en question, les protestataires promettent de passer à la vitesse supérieure en bloquant toutes les activités du Port de Dakar. «En plus de la surtaxe opérée par les multinationales étrangères, nous sommes aussi victimes de micmacs sur l’utilisation des conteneurs qui est soumise à un système de tarification anormale», dénoncent-ils.
En tout état de cause, les contestataires ne semblent pas prêts à faire avec cette taxe prélevée par des multinationales étrangères en dépit des injonctions du ministère du Commerce qui la déclare «illégale», à travers une décision du directeur du commerce intérieur. Pour les syndicats et les commerçants, cette taxe refusée dans tous les autres ports de la sous-région est la «résultante d’une brèche ouverte par l’ancien régime qui avait pris, courant 2010, un arrêté suite à une demande formulée par des armateurs étrangers qui sont parvenus à faire modifier un texte règlementaire du Sénégal».
Fiasco
Jugée illégale par le ministère du Commerce, cette surtaxe que les multinationales imposent au Port de Dakar devait être au centre d’une réunion, hier, entre la Direction générale du Port de Dakar et les acteurs portuaires que sont les commerçants, les transitaires et autres opérateurs. Mais cette rencontre a été un fiasco car les opérateurs l’ont boudé, en raison de la non convocation de certains syndicats, parmi lesquels l’Union sénégalaise des entreprises de transit et transport agrées (Usetta). Le boycott de la réunion qui devait se tenir, hier, à 16 heures a été dirigé par Idy Thiam, président de l’Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal (Unacois).
Devant l’échec de cette rencontre, une autre est prévue, ce matin, entre les autorités portuaires et les acteurs. Mais celle-ci pourrait connaître le même sort.
Selon nos informations, les acteurs portuaires comptent certes se rendre à la réunion de ce mardi, mais ce sera juste pour «dénoncer la tentative de division de leur mouvement, réitérer leur position sur la tarification et la congestion» pour ensuite la bouder comme celle d’avant-hier. Ces acteurs sont pour une démarche inclusive, à savoir une rencontre qui n’exclue aucun syndicat ou coordination d’acteurs concernés.
Si la pratique de prix illicites a déclenché le courroux des opérateurs, des transitaires et commerçants jusqu’à ce qu’ils menacent de paralyser le port, ils n’ont pas manqué de s’indigner du mutisme des pouvoirs publics. Considérée par le ministère du Commerce comme une pratique de prix illicite qui doit être réprimée suivant l’article 46 de la loi 94-63, la taxe en cause continue de passer comme lettre à la poste. Le Msc, la Socopao, Delmas, Maerks Line etc. qui en sont les bénéficiaires continuent d’appliquer cette surtaxe qui risque, dans un futur immédiat, de mettre à carreau les entreprises sénégalaises qui interviennent au Port de Dakar.
Pape NDIAYE (Walf Quotidien)