Le vote des projets de budget des ministères se poursuit à l’Assemblée nationale du Sénégal. C’était hier autour de Sidiki Kaba, ministre de la Justice, de défendre, devant les députés, le budget 2016 alloué à son département. Au cours de la séance, les parlementaires ont exprimé leurs inquiétudes liées au fonctionnement de la Justice. Parmi les premiers députés à s’exprimer, hier à l’hémicycle, devant le ministre de la Justice, figure en bonne place Samba Diouldé Thiam. Il est le deuxième parlementaire à prendre la parole pour alerter le ministre sur la protection des droits des enfants, avec notamment le droit d’acquérir un extrait de naissance. Si les enfants ne parviennent pas à obtenir un extrait de naissance, le député pointe une «défaillance de l’Etat».
Comme cette autre défaillance de l’Etat à se pencher, selon lui, «sur les entreprises défaillantes» à propos de travaux d’intérêt public. Concernant la gestion du temps à l’hémicycle, la règle d’or donne à chaque député trois minutes pour, comme il est presque de coutume chez les élus du peuple, «remercier le ministre», «saluer le travail abattu» et enfin au passage égratigner un collègue «malintentionné». En revanche, s’il revient de peser les préoccupations de députés devant Sidiki Kaba, les «audiences foraines», remportent la palme. Pour cela, Abdoulaye Makhtar Diop reste convaincu que les audiences foraines, qui sont une procédure facilitant l’obtention d’extraits de naissance, «deviennent une règle alors que cela doit rester une exception dans un pays». Et il s’inquiète de la procédure qui, selon lui, «peut permettre à des étrangers de s’engouffrer dans cette brèche pour acquérir des documents jusqu’au plus haut sommet de l’Etat, au moment où on redoute le terrorisme». Et dans ce cas, Abdoulaye Makhtar Diop a proposé à ce que les autorités «encadrent les audiences foraines». Terrorisme En effet, comme pour appuyer l’appel d’Abdoulaye Makhtar Diop, Marième Kane propose, quant à lui, la «mise en place d’une commission» en charge des audiences foraines. Au moment où sa collègue, Fatou Diouf, invoque «la difficile acquisition d’extraits et d’actes de naissance». D’autres questions ont été soulevées par les députés, précisément sur la carte des infrastructures judiciaires et la loi Latif Guèye, qui s’intéresse au milieu de la drogue. Sur ce dernier point, Fatou Diouf a souligné la nécessité de sa révision, eu égard aux peines d’emprisonnement très lourdes pour un cornet de chanvre indien. Elle semble ainsi ignorer l’esprit et la lettre de cette loi qui concerne exclusivement le trafic, mais pas la détention et l’usage. De son côté, Elène Tine s’en est pris à l’inapplication du règlement n°5 de la Cedeao par le Sénégal, à savoir le droit à une personne d’être assistée par un avocat dès les premières heures de son interpellation. Les faux certificats médicaux, les chèques sans provision, des locaux délabrés abritant des juridictions ont fait aussi l’objet de débats. Sans doute, ce sont des avis qui ne vont pas être considérés par les autorités, tellement qu’ils semblent inadaptés et impopulaires dans un Etat de droit. Il s’agit des propositions d’Adama Sow, qui demande aux autorités de laisser les populations en découdre avec les voleurs de bétail. Comment ? «Tout simplement en tuant tout voleur, s’il est ferré», lance le parlementaire. Il n’est pas le seul dont les propos méritent d’être inconsidérés. Enfin, le sort de jeunes libéraux parmi lesquels, Toussaint Manga a été ajouté à la corbeille de doléances des députés. Et c’est Fatou Thiam qui a interpellé le ministre sur la date de leur jugement. Ils croupissent depuis des mois en prison.
Baba Mballo