L’année 2018 n’a pas été moins macabre que celle 2017. Elle a battu le macabre en remportant avec elle plus d’une dizaine de personnes connues du grand public. Le dernier à tirer sa révérence fut le président directeur général du groupe Walfadjri, Sidy Lamine Niass. Homme multidimensionnel, le Mollah du Front de terre a rendu l’âme le 04 décembre dernier. Décompte macabre.
Macabre. C’est le qualificatif le plus approprié pour désigner l’année 2018. Pour cause, elle est marquée par un nombre important de cas de décès. Dans le peloton, on retrouve, en ligne de mire des chefs religieux, des hommes politiques, des journalistes, etc., tous rappelé à Dieu au courant de l’année finissante. Pendant ces 12 derniers mois, au moins, trois grandes personnalités multidimensionnelles ont rendu l’âme. Le dernier de cette liste à avoir quitté ce bas monde fut le Président-directeur du groupe Wal Fadjri. Son décès brusque survenu un mardi matin, 04 décembre 2018 avait surpris tout un peuple. De son vivant, homme inclassable à raison de ses multiples facettes, Sidy Lamine Niass a achevé sa mission sur terre de par ses positions souvent contestées, son engagement pour la liberté et le rayonnement de la justice, sa défense des sans voix… Au-delà de cette casquette de lanceur d’alerte et de contre-pouvoir, il avait un autre penchant : C’est celui de guide religieux car issu d’une famille maraboutique.
Disparu dans un contexte très spécial de la vie de la Nation sénégalaise, à quelques mois de l’élection présidentielle, la mort de Sidy Lamine avait suscité moult réactions émanant de toutes les couches de la société. Tout le monde s’était rendu devant les locaux de son groupe de presse pour compatir à la douleur qui a frappé sa famille, également ses employés. Les plus exposés sur les médias se faufilaient dans cette foule immense pour accéder au plateau de sa télévision. Histoire d’apporter des témoignages sur le Mollah qui vient à peine de tirer sa révérence. Cette journée a été remplie d’émotions. Aux environs de 18 heures, ses proches annoncent la levée du corps, le mercredi 05 décembre, à 16 heures. Cérémonie qui n’a pas eu lieu. Un désaccord entre son fils ainé, Cheikh Niass et les autres membres de la famille sur le lieu de sa dernière demeure, est passé par là. Un différend qui a fait que son corps est resté trois jours sans être inhumé. Il aura fallu des interventions pour obtenir un consensus entre son fils ainé, Cheikh Niass et Ahmed Khalifa Niass, son frère.
Des funérailles qui ont duré plus de 15 jours, seul le défunt Sidy Lamine Niass a eu ce privilège. Jusqu’à l’heure où nous mettons ces lignes sous presse, son domicile sis Sacré-Cœur 2 ne désemplit toujours pas. En dehors de ses proches, parents, collaborateurs, toute la nation a magnifié la vie de celui qu’on dénommait le contre-pouvoir, le défenseur des faibles, etc. Tout le gouvernement a effectué le déplacement. Des ministres, des directeurs généraux, des élus locaux ont montré leur indignation suite à sa disparition. La presse n’a pas été en reste. En plus des anciens de son groupe de presse qui ont effectué un passage, dans les locaux du groupe, le jour même du décès, les titres des journaux du lendemain ont tenté de mettre en exergue la personnalité du regretté.
Sur fond noir accompagnée d’une trame rouge, les titres ont, chacun avec sa ligne éditoriale, crié tout haut ce que témoignait le public sur le Mollah. «Un pilier de la presse privée s’est écroulé, à Dieu l’éternel combattant ! Au revoir le bâtisseur ! Le contre-pouvoir est tombé, La voix des sans voix s’est tue», lisait-on, le lendemain dans la presse écrite. Les unes ressemblent aux autres pour désigner la même chose, à travers des substantifs pleins de sens. Ce n’est qu’au vendredi que le corps a quitté l’hôpital Principal pour passer par le siège du groupe de presse avant de rallier Kaolack, lieu où il repose désormais. Cela n’a pas était facile. Un public nombreux l’attendait sur les lieux. Il aura fallu dépêcher des forces de l’ordre pour faire régner l’ordre. A son arrivée à Walf après quelques prières émaillées de pleurs, le corps prend la destination Kaolack, à bord d’un corbillard escorté par une flèche. A Kaolack, un monde immense l’attendait à l’entrée. Comme ce fut tout au long du trajet. Sidy Lamine est parti à l’âge de 68 ans, laissant un legs dont un groupe de presse, l’un les plus solides dans le paysage médiatique sénégalais, composé de quatre organes : une radio, une télévision, un site internet et un journal.
Deux khalifes généraux sur la liste
Deux khalifes généraux ont quitté ce bas monde en 2018. Il s’agit, d’une part, du Khalife général des mourides, Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké rappelé à Dieu le 10 janvier 2018, à l’âge de 93 ans. Né le 11 juillet 19241 à Mbacké Kadior, Sidy Mokhtar Mbacké est devenu calife des mourides à partir du 1er juillet 2013. Il était surnommé le rassembleur, en raison de son caractère véridique et son combat pour l’unicité des familles religieuses au Sénégal. D’autre part, le Khalife général de Ndiasane, El Hadj Mame Bou Mamadou Kounta rappelé à Dieu dimanche 04 novembre 2018, à Rufisque, à l’âge de 93 ans. Il avait accédé à la tête de la communauté Khadre de Ndiassane le 29 avril 2006.
Bruno Diatta
Du côté des autorités publiques, notamment dans le gouvernement de Macky Sall, le bilan a aussi été lourd. Le décompte macabre fait ressortir quatre disparus. Le décès le plus marquant fut celui de Bruno Diatta, chef de protocole présidentiel. Rappelé à Dieu le 21 septembre 2018, à l’âge de 69 ans, il a servi tous les présidents de la République qui se sont succédé au palais après Léopold Sédar Senghor : Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall, chef de l’Etat en exercice. Il a bénéficié des funérailles nationales parce qu’il est mort avec rang de ministre. Raison pour laquelle le gouvernement en a fait une cérémonie aux allures d’un hommage national au palais, jeudi matin, la semaine qui suit son décès. Dans l’après-midi, s’en est suivie la cérémonie religieuse à la Cathédrale de Dakar avant l’inhumation à Dakar. Cabrousse, village d’origine de Bruno Diatta, serait donc écarté. Il fut un gardien des valeurs, des emblèmes et des signaux de la République.
L’Assemblée nationale touchée L’Assemblée nationale a, elle aussi, connu des pertes en vies humaines durant cette année. En un an, cette institution a perdu trois de ses parlementaires, avec notamment le maire de Kayar Ndiassé Kâ qui a rendu l’âme à l’hôpital Principal de Dakar des suites d’une courte maladie. Avant lui, le 24 octobre dernier, le député Malamine Gomis, également, président du Conseil départemental de Goudomp, était rappelé à Dieu. Deux semaines plus tôt, le 7 octobre 2018, c’est Khady Diouf, élue sur la liste départementale de Fatick de la coalition Benno Bokk Yaakaar, qui tirait sa révérence. Un ancien ministre est dans ce lot des regrettés. Il s’agit d’Ousmane Seck, né le 28 mai 1938 à Rufisque et mort le 28 janvier 2018 à Dakar. Il était homme politique sénégalais qui fut ministre des Finances dans le gouvernement d’Abdou Diouf, puis dans le premier gouvernement de Habib Thiam.
Le secteur de la presse lourdement frappé
La presse n’est pas en reste dans le décompte macabre. Cette corporation a enregistré le nombre le plus élevé de morts, en 2018. Ils sont journalistes, techniciens des médias, agents administratifs, animateurs disparus entre janvier 2018 et janvier 2019. Ils ont pour noms : Sidy Lamine Niass (Wal Fadjri), Amadou Mbaye Loum (Rts) ; Mamadou Pascal Wane (Walf Sports) ; Ndéné Bitèye (WalfQuotidien) ; Iba Guèye (Rts) ; Mamadou Bakary Traoré (Apa) ; Pape Sow (Le Soleil) ; Bara Diouf (Le Soleil) ; Awa Diouf (Jeguem Fm) ; Keudi Fall (Libération) ; Saliou Traoré (Aps, Cored) ; Sokhna Zeinab Fall (Dtv) ; Amadou Vincent Diop (Rfm) ; Rokhaya Thiaw (L’As), entre autres.
WalfQuotidien