La campagne électorale en vue de l’élection présidentielle de ce dimanche 24 février 2019 aura sans doute été passionnée, voire passionnelle. Mais qu’elle a aussi été macabre, avec au moins 23 morts dans des accidents, des meurtres et des violences physiques ayant culminé avec des pertes en vies humaines. Divers incidents ont émaillé les meetings et autres manifestations politiques tenus par différents candidats, aussi bien dans le camp du pouvoir que dans celui de l’opposition. Focus sur le lourd bilan macabre de la campagne qui dépasse le bilan de 2012 qui était seulement porté tout au plus à 12 cas.
Le sang a coulé durant ces 21 jours de campagne électorale, en vue de l’élection présidentielle de ce dimanche 24 février 2019. Alors que celle-ci baisse ses rideaux ce vendredi 22 février, au moins 20 morts sont enregistrés dans tout le pays durant la période considérée. Ces pertes en vies humaines sont notées dans des accidents de la circulation et dans des violences physiques suivies de mort d’homme. Aucun camp n’est épargné, chaque état-major politique parmi les cinq candidats en lice a son lot de morts. C’est ainsi que divers incidents ont émaillé les meetings et les rassemblements politiques tenus par différents candidats. Les accidents de la circulation ont le plus causé des pertes en vie humaine durant la campagne électorale finissante qui, on se le rappelle, avait commencé dimanche 03 février dernier.
8 accidents, 19 morts et 48 blessés
Le plus meurtrier des accidents de la route a sans doute été celui ayant coûté la vie à quatre gendarmes, à Sédhiou, dans la caravane qui suivaient le candidat de Benno Bokk Yaakaar, Macky Sall. L’incident macabre est survenu un dimanche après-midi. Cet homicide involontaire a également causé 12 blessés acheminés par avion à Dakar, depuis Ziguinchor. Selon une source sécuritaire qui le constate pour le déplorer, «l’avion qui devait transférer les blessés sur la capitale n’a pu atterrir à l’aéroport militaire de Kolda, en raison d’une piste non éclairée et les conducteurs n’ont pas voulu prendre de risque et pourquoi il a fait un détour jusqu’à Ziguinchor où les blessés graves attendaient d’être évacués». Auparavant dans la même semaine, un militant de Benno a perdu la vie dans un accident à Thilogne, alors qu’il venait de suivre le meeting de Matam.
Trois jours plutôt, un conducteur de moto Jakarta qui transportait des sacs de sucre du nom de Youssou Diallo a été mortellement renversé à Koumpentoum, par la caravane du candidat de la coalition «Idy2019», Idrissa Seck. Le convoi du candidat Madické Niang n’a pas également été en reste, avec la mort par accident de Coumba Ndoffène Diouf à Fatick, plus trois blessés. Il en est de même pour l’autre prétendant au fauteuil présidentiel, Ousmane Sonko. Le plus jeune candidat (44 ans) a perdu un militant mortellement fauché. Le bus en question se rendait à Bignona, tard dans la nuit de mardi à mercredi. Vers trois heures du matin, dans l’arrondissement de Kataba 1, village de Kawaone, le bus s’est renversé. On dénombre 17 blessés dont sept graves transportés à l’hôpital de Ziguinchor.
Le bilan macabre de la campagne s’est aussi allongé avec cet accident d’une rare violence qui s’est produit sur l’axe Ourossogui-Matam, peu avant le meeting du candidat Macky Sall, dans la capitale régionale, Matam, le 6 février dernier. Un bus, qui transportait des militants et des partisans du chef de l’Etat, candidat à sa propre succession, au stade régional de Matam, s’était renversé faisant 1 mort et 14 blessés graves.
La deuxième semaine de campagne a pris le relais, avec notamment cet accident survenu au rond-point Diamniadio et qui a coûté la vie au gendarme Thierno Diallo Niang heurté par un camion. S’y ajoute le cas ayant coûté la vie à Mously Mbaye et sa famille qui, certes n’est pas directement lié à la campagne électorale, mais survient en cette période. Macky Sall, on s’en souvient, a profité de l’occasion pour demander l’ouverture d’une enquête judiciaire sur cet incident qui s’est produit le 3 février 2019 à Sicap Amitié Rue 10 et qui a occasionné 8 pertes en vies humaines, dont des enfants.
La gendarmerie débusque les motifs d’accidents en série
Il y a de cela 15 jours, la brigade de recherches de la gendarmerie de Thiès avait procédé à l’interpellation de trois individus qui s’activaient délictueusement dans le recyclage des pneus des voitures. Analysant les statistiques annuelles des accidents de la circulation routière, le commandement de la gendarmerie s’est rendu compte que la plupart des accidents avaient pour cause, soit l’éclatement des pneus, soit des défaillances liées au système de freinage (problème de dérapage).
Ainsi, des recommandations ont été données pour comprendre le phénomène. C’est ainsi qu’à l’exploitation d’un renseignement, une série d’opérations est menée dans plusieurs secteurs. La brigade de recherches de Thiès avait mis la main sur trois individus, tous de nationalité sénégalaise, revendeurs de pneus. «Leur mode opératoire consistait à recreuser les sillons des pneus, c’est-à-dire les bandes de roulement des pneus usés, afin de leur redonner un aspect neuf moyennant la somme de deux mille francs Cfa l’unité», selon la Division communication (Div-com) de la gendarmerie.
Outre les accidents, d’autres cas de décès sont également à inscrire dans le cadre de la campagne électorale, notamment la mort par malaise d’Aïda Sidibé à la permanence Apr de Saint-Louis.
03 meurtres sur fond de violences électorales
Les incidents de Tambacounda survenus lundi dernier qui ont culminé avec deux morts chez les militants de Benno, constituent un cas parmi une longue liste de violences physiques ayant entraîné mort d’homme. Durant cette campagne, Tambacounda aura été l’épicentre de la violence politique. La caravane de Khalifa Sall attaquée par les militants de Benno le 27 février 2017, la caravane du Pur de subir des représailles par les mêmes militants de Bby, le 11 février.
33 arrestations «politiques»
Les incidents de Tamba ont conduit à l’arrestation de 24 éléments de la garde rapprochée du candidat Elhadji Issa Sall, comme annoncé par le procureur Demba Traoré. Certains d’entre eux ont été libérés à l’issue de leur face-à-face avec le maître des poursuites du Sénégal oriental.
Auparavant, des Karimistes ont été cueillis chez eux pour des actes de violences supposés liés à la campagne électorale. Ils sont soupçonnés de sabotage de l’inauguration de la mosquée de Guédiawaye le 18 janvier dernier par le président de la République, Macky Sall. C’est ainsi que le bras droit de Wade-fils, Saliou Dieng, et sa femme Philomène Dia ont été mis aux arrêts par la brigade de recherche de la gendarmerie de Colobane, vendredi 08 février. Mais ils ont finalement été relâchés. Il y a également eu l’arrestation suivie d’emprisonnement de Karass Kane, Pape dit Naar Fall, Saliou Fall et Momo Dieng.
Ces arrestations ont été précédées par celles des trois Khalifistes (Pape Konaré consultant en management et en communication, Arona Sall étudiant en première année de Commerce à l’Institut Professionnel de Gestion (IPG) et Habibou Mboup, conseiller municipal à la commune de Mermoz-Sacré Cœur) qui a perdu son père au lendemain de son arrestation par la Division des investigations criminelles (Dic). Ils sont poursuivis pour «association de malfaiteurs, actions diverses, coups et blessures volontaires (Cbv) ayant entraîné une incapacité temporaire de travail (ITT) de 60 jours, vol en réunion, destruction volontaire de biens publics, violence et voie de fait». Des accusations en rapport avec le caillassage de bus Dakar Dem Dikk à la suite de l’invalidation de la candidature de Khalifa Sall par le Conseil constitutionnel.
Pape NDIAYE