Cuisiné pendant 3h, Oumar Sarr a reconnu avoir signé le fameux communiqué du Pds du 18 décembre 2015, sur mandat du Comité directeur. Et le doyen des juges attend l’avis du procureur pour statuer sur la demande de liberté provisoire.
A la question du doyen des juges de savoir est ce qu’il reconnaît les chefs d’inculpation qui pèsent sur sa tête, à savoir la «diffusion de fausses nouvelles» et le «faux et usage de faux», Oumar Sarr répond par la négative. Le coordonnateur du Pds déclare que les actes qu’il a posés n’ont aucune connotation pénale qui peut lui valoir un emprisonnement, depuis un mois maintenant. Une déclaration tenue, hier, au cours de son audition de près de trois heures. Mais le doyen des juges revient à la charge, en l’interrogeant au sujet des termes du fameux communiqué attribué au Comité directeur, lequel avait indiqué : «L’argent du dopage dans l’athlétisme est au cœur des différentes campagnes de Macky Sall. Cet argent a financé sa campagne pour les élections municipales et locales de 2009, comme il a financé sa campagne pour l’élection présidentielle de 2012. Les deux victoires qu’il a obtenues sont des victoires malpropres (…)».
En somme, Oumar Sarr a reconnu être le signataire du communiqué, comme il l’avait reconnu à la Brigade des affaires générales (Bag). Il a assumé, revendiqué et reconnu la paternité du communiqué publié au nom du Comité directeur du Pds, publié le 18 décembre dernier. Lors de son audition hier, il a indiqué avoir «reçu mandat du Comité directeur», ce que le Pds a confirmé au lendemain de son interpellation. Le libéral est même allé jusqu’à rappeler au juge d’instruction les textes du Pds qui organisent les modes de réunion de cette formation politique. Sur ce, il déclare avoir bel et bien reçu mandat de ses camarades pour publier le document en leur nom.
Liberté provisoire
L’autre précision faite par le responsable libéral de Dagana est que la réunion du Comité directeur de son parti ne requiert pas, obligatoirement, la présence physique des membres qui le compose. Pour lui, il existe d’autres moyens offerts à ces derniers, par les Statuts de cette formation politique, pour exprimer leur position de principe par rapport à une situation donnée. Malgré toutes ces réponses, le doyen des juges n’a pas lâché prise. Il vise le délit de «diffusion de fausses nouvelles» collé à Oumar Sarr. Et l’intéressé d’invoquer le premier article du journal Le Monde qui, à l’en croire, lui a servi de base matérielle. Lequel a été retiré du site avant d’être remplacé par un autre dont le nom de Macky Sall ne figure pas dans le contenu.
Ce face-à-face entre Oumar Sarr et le juge du premier cabinet d’instruction de Dakar a servi de prétexte aux avocats de la défense pour introduire une «requête aux fins de demande de mise en liberté provisoire». Le juge rendra sa décision dans un futur immédiat, après avoir requis l’avis du procureur de la République. Comme cheval de bataille, la défense a invoqué des dispositions de la Constitution et du règlement intérieur de l’Assemblée nationale, lesquelles interdisent l’arrestation d’un député en session.
Puis, ce sont les arguments classiques qui ont été rappelés au juge, notamment les «garanties sérieuses de représentation en justice» dont bénéficie leur client pour prétendre à cette demande. «Oumar Sarr est régulièrement domicilié à Dakar et Saint-Louis et il ne peut pas se soustraite à l’action de la Justice en cas de liberté provisoire», a estimé la défense. Ensuite, qu’«il n’y aura aucun risque de trouble à l’ordre public en cas de liberté provisoire». Dans la foulée des interventions, un membre du pool de la défense s’est ému de la vacuité du dossier qui, selon lui, «ne présente aucun élément à charge» pouvant justifier l’arrestation suivie d’emprisonnement de son client. L’instruction se poursuit.
Les députés de la partie
Plusieurs députés ont effectué le déplacement au palais de justice de Dakar, notamment Me El Hadji Diouf, Mamadou Diop Decroix, entre autres. Du côté du Pds, toutes ses entités (jeunes, femmes, cadres…) ont été représentées. Les libéraux ont envahi le tribunal, toute la journée durant…
Pape NDIAYE