La passation de service entre les directeurs sortant et entrant de l’Administration pénitentiaire a été l’occasion, pour l’inspecteur Alioune Ciss, d’exposer les attentes des matons.
Cela s’est passé hier dans les locaux du Camp pénal de Liberté 6, en présence du ministre de la Justice, Ismaïla Madior FALL.
Au nom du personnel de l’Administration pénitentiaire, l’inspecteur Alioune Ciss a formulé des doléances au cœur des attentes de ses collègues. Des revendications qui tournent autour d’une «dotation en moyen roulant», du «renforcement des effectifs», de la «construction de nouvelles prisons». C’était hier dans les locaux du Camp pénal de Liberté 6, à l’occasion de la passation de service entre le colonel Daouda Diop et son remplaçant à la Direction de l’administration pénitentiaire (DAP), le colonel Jean Bertrand Bocandé. L’appel des matons n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd puisque le ministre de la Justice, Ismaïla Madior FALL, a trouvé que «l’amélioration des conditions de vie et de détention des détenus doivent s’accompagner de celles de travail du personnel». A cet effet, il a insisté sur un certain nombre de mesures concernant le personnel. Lesquelles sont relatives au renforcement du personnel, à la revalorisation de son statut et à la modernisation de ses conditions de travail. Pour le renforcement du personnel, explique le Garde des Sceaux, «228 agents pénitentiaires, tous grades confondus, ont été recrutés l’année dernière. Ces derniers sont en fin de formation à l’Ecole nationale d’administration pénitentiaire de Sébikotane». Avant d’ajouter qu’«un autre recrutement de 300 agents, tous grades confondus, vient d’être bouclé il y a deux semaines».
Concernant la revalorisation du statut du personnel, le ministre de la Justice a annoncé qu’un projet de loi modifiant la loi n° 72-23 du 19 avril 1972, a été transmis aux autorités compétentes. Non sans annoncer que «relativement à la modernisation des conditions de travail du personnel, un système intégré de gestion du greffe des établissements pénitentiaires est en phase de déploiement dans les autres régions de l’intérieur du pays». Dans le même sillage, il a annoncé qu’en matière de politique pénitentiaire, «on a changé les usages des prisons au Sénégal. C’est de moderniser les prisons, d’humaniser la vie carcérale. C’est de faire en sorte que nos concitoyens qui sont en conflit avec la loi vivent dans des conditions qui respectent la dignité». La «gendarmerisation» de l’Administration pénitentiaire s’est invitée aux débats. Interrogé sur la gestion de ce corps paramilitaire par des officiers de la gendarmerie, alors que ce corps regorge de cadres de la hiérarchie A1, le Garde des Sceaux n’a pas voulu s’épancher outre mesure. Pour lui, «c’est la Constitution qui prévoit que c’est le président de la République qui nomme aux emplois civils et militaires».
La forte population carcérale préoccupe les autorités. Elles ont décidé de corriger ce dysfonctionnement. Le ministre a annoncé les mesures de la nouvelle politique pénale. «Il est question d’agir sur la politique pénale. C’est qu’il faudrait de plus en plus faire en sorte qu’il y ait une rationalisation du mandat de dépôt pour qu’il n’y ait pas beaucoup de citoyens qui soient envoyés en prison», a annoncé Pr Ismaïla Madior Fall. «Sur le registre de la politique pénale, il y a le mécanisme de peine alternative. C’est-à-dire que de plus en plus, il va être aménagé des peines de substitution ou alternative à la prison. Toujours dans cette politique pénale, il va être mis en œuvre un dispositif de substitution et d’aménagement de peine», a-t-il ajouté.
Magib GAYE