De la prison au palais
Accusé de vol par sa tante, jeté au fond d’un puits par ses frères qui le jalousaient, l’esclave l’orphelin de mère Youssuff, qui était en terre égyptienne, connut une autre épreuve. Sa morphologie, sa beauté et la lumière qui l’accompagnaient étaient devenues des handicaps qui le conduisirent en prison. Ainsi, après avoir vainement essayé de le tenter, Zulikha s’était résolue à le faire payer en ourdissant un complot contre Youssuff. Son innocence ne faisait l’objet de doute, mais il fut tout de même envoyé en prison. La ville continuait à considérer Zulikha comme fautive et pour inverser l’opinion, celle-ci demanda que Youssuff soit mis en prison pour ainsi donner l’impression d’être celui qui a fauté. Une voie que Youssuff n’avait pas cherché à dévier. «Ô mon Seigneur, la prison m’est préférable à ce à quoi elles m’invitent. Et si Tu n’écartes pas de moi leur ruse, je pencherai vers elles et serai du nombre des ignorants» [des pécheurs] (Chapitre 12, versets 33). En prison, Youssuff trouvera parmi les détenus deux remarquables prisonniers. L’un travaillait dans la boulangerie du roi et l’autre était l’épicier de la cour royale. Ils firent des rêves et demandèrent à Youssuff de les interpréter pour eux. L’un s’était vu en songe en train de presser des raisins. L’autre avez vu des oiseaux mangeant du pain qu’il avait sur la tête. Avant de répondre à leurs interrogations, Youssuff leur dit qu’avant l’arrivée du diner, il allait dire le sens de leurs rêves. Qu’il avait un don qu’il tenait de ses ancêtres Abraham, Isaac et Jacob dont il suit la voie. Une voie qui lui commande la droiture. « Ô mes deux compagnons de prison! L’un de vous donnera du vin à boire à son maître; quant à l’autre, il sera crucifié, et les oiseaux mangeront de sa tête. L’affaire sur laquelle vous me consultez est déjà décidée», leur dit-il quand la nourriture fut servie (Chapitre 12, versets 41). Il demanda à celui qui allait sortir de ne pas oublier de parler au roi de son problème. 
Youssuff oublia son chemin et son seigneur qui veillait sur lui pour se confier à un mortel qui était certes roi. Il sera ainsi oublié là-bas pendant de nombreuses années. Et plus tard, le roi fit un rêve. Il vit en songe sept vaches maigres qui mangent sept vaches grasses devant sept épis verts et sept autres secs. Le roi demanda à son conseil de lui expliquer ce que ce rêve pas comme les autres signifie. Personne ne put le faire. Et plus tard, celui qui est sorti de prison se rappela de Youssuff. Du rêve que ce dernier avait interprété et que se révéla fort juste. Il promit au roi de revenir avec la signification du rêve. Il trouva Youssuff en prison et lui demanda de lui déchiffrer le rêve du roi. «Vous sèmerez pendant sept années consécutives. Tout ce que vous aurez moissonné, laissez-le en épi, sauf le peu que vous consommerez. Viendront ensuite sept années de disette qui consommeront tout ce que vous aurez amassé pour elles sauf le peu que vous aurez réservé [comme semence]. Puis, viendra après cela une année où les gens seront secourus [par la pluie] et iront au pressoir», lui répondit Youssuff (Sourate 12 versets 47-48-49). Quand il retourna auprès du roi raconter ce qu’on lui avait confié, le monarque demanda à ce qu’on lui amène Youssuff. Ce dernier voulait d’abord que les femmes que l’avaient accusé lavent son honneur. «Maintenant la vérité s’est manifestée. C’est moi qui ai voulu le séduire. Et c’est lui, vraiment, qui est du nombre des véridiques!», confessa Zulikha (Sourate 12 versets 51).
Innocenté, Youssuff intégra la cour royale sur la demande du roi lui-même qui le voulait à ses côtés. Assis sur un fauteuil confortable, Youssuf se tourna vers sa famille. Allait-il se venger de ses frères qui avaient comploté contre lui et qui l’avaient mené si loin ?
A lire chaque vendredi…
Par Sidi Lamine NIASS
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