Entre les transporteurs et le ministre des Transports terrestres, on ne parle pas le même langage à propos du Règlement 14 de l’Uemoa relatif au contrôle à l’essieu. Les transporteurs qui sont pour le Poids total autorisé à la charge (Patc) sont en mouvement d’humeur.
Depuis 2005, l’Uemoa a mis en place le Règlement numéro 14 pour réglementer le gabarit, le poids et la charge à l’essieu afin d’éviter que les routes se dégradent vite. Seulement, cette réglementation est source de discorde entre les transporteurs et les acteurs du ministère des Transports terrestres. Si ces derniers veulent l’application totale de cette directive, ce n’est pas le cas pour les transporteurs qui, eux, roulent pour l’application du Poids total autorisé à la charge (Patc). Même s’ils ont pris part à la rencontre des experts et des ministres en charge des Infrastructures de l’Uemoa, du Ghana et de la Guinée sur l’application dudit Règlement qui s’est ouverte hier, les acteurs du secteur des gros porteurs n’en demeurent pas moins opposés à cette réglementation. «Le Sénégal, à travers l’Uemoa, veut appliquer le pesage à l’essieu. Nous disons niet et plaidons pour l’application du Ptac», freine Gora Khouma, un de leurs responsables. Parce que, selon lui, «le pesage à l’essieu ne prend pas en compte le poids indiqué». Et le syndicaliste d’ajouter : «Nous respectons le poids du tonnage qu’on nous a affecté. Quant à gérer le poids des pneus, nous ne pouvons pas le maitriser. Nous demandons à ce qu’on applique le Ptac.» C’est pour cela que les transporteurs des gros porteurs ont entamé un mouvement d’humeur.
Interrogé sur les tracasseries dont les transporteurs font l’objet avec pour conséquence leur mouvement d’humeur, le secrétaire général du ministère des Transports terrestres et du Désenclavement a essayé de botter en touche en insistant sur l’utilité du Règlement numéro 14 pour les routes. «Nous avons appris que les transporteurs du secteur des gros porteurs vont faire un arrêt de travail. (…) L’année dernière après les avoir écoutés, nous avons dit que nous en restons au contrôle du Ptac. Depuis septembre, nous avons décidé de mettre en scelle le contrôle de la charge à l’essieu. Parce qu’en vérité, sans le contrôle de la charge à l’essieu, les routes seront dégradés», souligne Aubin Sagna. «Le Règlement 14 n’est pas contre les transporteurs. Au contraire, il est favorable à leur travail parce qu’une route protégée présente des facilités pour eux», ajoute-t-il. «Nous sommes aujourd’hui à une quinzaine d’années de la mise en œuvre de ce règlement. On serait tenté de dire qu’il y a du retard dans la mise en œuvre de ce règlement. Il y a eu des difficultés parce que nous étions dans l’obligation d’écouter tous les acteurs. Nous avons pris le soin de prendre en considération les désirs, les demandes, les requêtes des transporteurs. Nous en sommes arrivés à un point où il nous faut aller à l’application intégrale du Règlement 14. Nous allons l’appliquer de manière concertée en 2020», précise-t-il.
«D’ici 2020, on espère arriver à l’application intégrale et concomitante du Règlement 14 de l’Uemoa. Nous avons des routes qui sont construites pour 15 ans. Aujourd’hui, la durée moyenne de vie est de 5 ans alors que ce sont des routes qui coûtent cher avec des prêts à rembourser», appuie Paul Koffi Kiffi de l’Uemoa. Selon lui, le Fonds d’entretien routier «ne suffit plus pour entretenir ces routes».
Magib GAYE