La femme enceinte Astou Sokhna est décédée à l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga par négligence du personnel de santé. C’est ce qui est ressorti des résultats du rapport de mission commandité par le ministère de la Santé et de l’Action sociale.
Les sages-femmes qui assuraient le service lors du décès de la femme enceinte Astou Sokhna à l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga sont mal barrées. En effet, le ministre de la Santé et de l’Action sociale qui a fait face à la presse a rendu publics, hier, les résultats du rapport de l’enquête de son département. Selon Abdoulaye Diouf Sarr, sur la base des éléments du dossier, «le décès de Madame Astou Sokhna est considéré comme un décès maternel évitable, à travers une bonne évaluation du risque et une surveillance optimale durant son séjour à la maternité». Surtout que, selon le ministre de la Santé, relativement aux antécédents médicaux concernant Astou Sokhna, il n’y avait pas de particularités. En ce qui concerne ses antécédents chirurgicaux, la patiente avait bénéficié d’une césarienne, il y a trois ans, pour hématome rétro placentaire avec naissance d’un nouveau-né décédé au 7ème jour de vie.
De son avis les rapports indiquaient en outre que Astou Sokhna était suivie aux services de cardiologie et de néphrologie de l’hôpital régional de Louga pour respecter les protocoles de suivi du syndrome vasculo-rénal. Durant sa grossesse, elle a fait quatre consultations prénatales qui n’ont décelé aucune anomalie, précise-t-il. Elle a également effectué une visite de suivi le 28 mars 2022 à l’hôpital au cours de laquelle un bilan préopératoire a été demandé en vue d’une césarienne prophylactique de prudence. Ensuite le 31 mars 2022, elle s’est présentée à l’hôpital pour des douleurs abdomino-pelviennes sur une grossesse de 09 mois, ce qui a motivé une hospitalisation.
Le 01 avril 2022, la sage-femme de garde a été appelée au chevet de la malade par la famille pour voir son état. C’est en ce moment qu’elle a constaté le décès qui sera confirmé par la gynécologue d’astreinte à 07h 36 mn, détaille Diouf Sarr. Selon le modèle des trois retards, le dossier ainsi présenté ne met pas en évidence des éléments en faveur du premier retard c’est-à-dire une reconnaissance des signes de danger par la patiente, ni du second retard à savoir l’accessibilité géographique et financière sans particularité. Par contre, on note des éléments en faveur du troisième retard qui est lié à la structure objectivant «un déficit dans la qualité des soins reçus, à type d’insuffisance de diagnostic c’est-à-dire l’évaluation non optimale du risque et l’insuffisance dans la surveillance».
Autoglorification
Face à cette situation, les mesures suivantes ont été prises : la révocation du Directeur de l’hôpital lors du conseil des ministres du mercredi 13 avril 2022 ; la suspension des agents de garde impliqués dans le décès devant conduire au licenciement pour négligence ayant entrainé mort d’homme conformément aux instructions données au Directeur. «Le décès de Madame Astou Sokhna dans les conditions que je viens de présenter est une situation douloureuse, surtout pour la famille», regrette Diouf Sarr. Cependant, «elle ne reflète pas l’état global du système de santé» qui, assure-t-il, ces dernières années, a connu des progrès significatifs et réalisé de grandes performances. Ce, grâce notamment à des hommes et des femmes «compétents et dévoués qui, jour et nuit, parfois au péril de leur vie, apportent soins et secours aux populations». «Je voudrais saluer la qualité du personnel de santé de notre pays dont le professionnalisme est reconnu de par le monde», ajoute le ministre. Selon qui, les données en matière de santé maternelle et infantile en attestent. En effet, la mortalité maternelle a baissé. Elle est passée de 392 décès pour 100 mille naissances vivantes en 2010 à 236 décès en 2017. Ainsi, le Sénégal est classé premier dans la zone Uemoa. La mortalité infanto-juvénile a elle aussi fortement baissé, elle est passée de 72 pour mille en 2010 à 37 pour mille en 2017. Il en est de même de la mortalité néonatale qui est passée de 29 pour mille naissances vivantes en 2010 à 21 pour mille en 2019. Il ajoute que la prise en charge des patients demeure au cœur des préoccupations car si «le client est roi», le patient reste «roi» une fois dans une structure de santé. Ainsi il déclare qu’un accent particulier va être mis sur le renforcement de la formation du personnel de santé surtout en ce qui concerne l’accueil dans les structures sanitaires.
Samba BARRY