La majeure partie des établissements scolaires publics des régions de Kaolack et de Fatick sont en vacances inhabituelles. Ce, à cause de la campagne électorale qui boucle sa première semaine ce samedi. Dans ces localités, les profs ont déserté les salles de classe pour descendre sur le terrain politique. Constat.
Même si les cours de certains établissements scolaires ne sont pas perturbés par la campagne électorale, dans des écoles de quelques localités, notamment dans les régions de Kaolack et Fatick, les professeurs ont déserté les salles de cours. Dans ces zones, les enseignants sont en plein dans la campagne électorale, imposant aux apprenants cette sorte de vacances forcées qui ne dit pas son nom. En tout cas, les élèves du collège de Tataguine, une localité située dans la région de Fatick, ne disent pas le contraire. Avant dix-heures, tous les potaches se pavanent en groupe dans les rues. Interpellée sur les raisons de ses errements à pareille heure moment, cette adolescente en classe de Sixième met à l’index son professeur de maths. «Il est parti en France, depuis dimanche. Il s’est excusé pour 15 jours pour aller battre campagne parce qu’il est membre du bureau de l’Apr de la Diaspora », s’indigne-t-elle. Quant à sa camarade, elle s’en prend à leur prof’ de français. «Nous sommes déjà en retard par rapport aux autres classes. Il n’a terminé que deux leçons, il se permet de partir. Ils sont tous dans des partis politiques. Nous sommes restés trois jours sans faire cours», appuie-telle. Ces interlocutrices s’étaient rendues chez Issa Sall, candidat du Parti de l’unité et du rassemblement (Pur) pour lui présenter leur chanson composée pour sa campagne.
Même constat à Gandiaye. L’ambiance qui règne de l’entrée jusqu’à la sortie de cette ville laisse croire à ce boycott. Tous les élèves se sont regroupés sur la Route nationale pour être au parfum des passages des candidats dans cette localité. Agés pour la plupart entre 12 et 16 ans, ces derniers arborent tous les couleurs des partis politiques des cinq candidats qui sont tenus à s’arrêter à leurs pieds. A Kaolack ville, le décor demeure intact. Du nouveau Lycée qui se situe à Sing-Sing au lycée Moustapha Ndiaye, l’école Guédel Mbodji, en passant par le collège Djim Momar Guèye en centre-ville jusqu’à l’école Gambetta, les élèves se sont pointés sur les trottoirs à des heures de cours. Trouvées assises devant la boulangerie de Bongrés, un quartier de Kaolack, Fatoumata Bintou Koné et ses copines sont en classe de Cinquième au collège. Leurs cours ne sont plus constants. «Nous n’avons pas fait cours depuis le début de la campagne. On avait Anglais pour la première, mais le prof’ n’est pas venu. Il a envoyé la correction de notre devoir au surveillant. Le prof’ de français est aussi absent depuis lundi», confie Fatoumata, élève au collège de Bongrés.
Selon elle, même l’école élémentaire située à côté de leur collège est affectée par les effets collatéraux de la campagne électorale en vue de la présidentielle du 24 février 2019. «Pourquoi sacrifier les élèves, pour une campagne électorale ?», demande- t-elle. A Ndiaffate, une localité située à quelques encablures de Kaolack, ce sont des élèves qui ont accueilli la caravane du candidat de Pur, le mercredi dernier, à 09 heures. Ici, faire la distinction entre élèves et ceux qui ne le sont pas est très facile. Presque la totalité des enfants est vêtue de tenues scolaires.
Salif KA