A moins d’une semaine de la fête de Tabaski, le marché Hlm cristallise l’ambiance. Entre sons de tam-tam, musique, marchandage, les vendeurs rivalisent de stratégie et d’astuces pour attirer la clientèle. Le tout dans une ambiance bon enfant.
Debout devant un étal de chaussures, Modou Sène, habillé d’un pantalon Jean déchiré assorti d’un tee-shirt noir, une casquette bien vissée sur le crâne, crie à tue-tête : «Promotion chaussures», «Promotion chaussures», pour attirer la clientèle. L’animation est à son comble. Les commerçants et grands magasins se mènent une rude concurrence pour attirer l’attention des clients sur leurs produits et marchandises. Rien n’est négligé. Porte-voix, haut-parleur, tam-tams, bref tout ce qui peut permettre de donner du bruit ou qui peut susciter la curiosité des visiteurs. Difficile de s’entendre tellement le bruit est fort. Des tissus sont posés çà et là créant un désordre indescriptible dans les pièces qui servent de magasin. L’ambiance bat son plein, en cette après-midi de mercredi 7 août 219, veille de la fête de Tabaski. Partout, fusent des cris des marchands pour attirer les clients.
Le marché des tissus est un lieu très prisé, actuellement, par la gent féminine dans le domaine de l’habillement. A l’affiche, des «jezner» ; «guippir» ; «basin riche» ; «brodé» ; perlés ou simples. Aïda Mbène, vendeuse de son état, s’active dans le commerce de ces tissus depuis des années. Très connue dans ce milieu, la jeune dame, teint clair, habillée d’un pantalon jean, est envahie par des clientes qui la harcèlent littéralement. De l’autre côté, sur la voie qui mène vers la grande mosquée Massalikoul Djinane véhicules, piétons, motos… se disputent le passage. Personne n’est prêt à céder à l’autre. C’est la course poursuite aux bonnes affaires. Pas de temps à perdre. On presse le pas, quitte à jouer des coudes. Chaussures haut talon pour les femmes, babouches pour hommes et enfants ; habits prêt-à-porter et bijoux sont exposés à même le sol sur des bâches, le long de la route, rendant la circulation très difficile.
Le front dégoulinant de sueur, la fatigue se lit sur le visage d’Assane Diop qui se faufile entre les étals de tissus à la recherche de clients pour écouler ses babouches. Contrairement à ceux qui distillent des décibels pour s’attirer une clientèle, Assane, comme Modou Sène, se sert de ses cordes vocales pour capter l’attention. «Tabaski oblige, en tant que musulmans, nous tenons beaucoup à cette fête. C’est pourquoi, nous y mettons tout ce que nous avons, toutes nos économies y vont. Nous achetons des chaussures pour les enfants, des boubous et tout ce qui peut rendre cette fête belle», confie ce père de famille du nom de Talla Seck croisé dans un coin du marché, un gros sachet blanc à la main droite. Chacun a sa manière pour appâter la clientèle. Si les autres ont préféré installer des hauts-parleurs ou user de leurs cordes vocales, Maïmouna Ndiaye a trouvé une autre stratégie. La dame s’est attachée des services de petits griots communément appelés «Bongo men» pour inciter les acheteurs. Devant sa boutique de tissu «jezner», deux garçons munis de calebasse assurent l’ambiance. Avec des slogans «Jezner» «Ganila», «Soie», «Brodé» «Promotion», «Promotion», «Promotion», ils abordent les jeunes filles et les dames le tout, avec des pas de danse endiablés au rythme du bruit de la calebasse.
Samba BARRY