Depuis la mutinerie de Rebeuss qui s’est soldée par 27 blessés chez les détenus, selon le bilan officiel, les appels pressants des familles de victimes deviennent de plus en plus audibles. Qui pour réclamer Justice, qui pour annoncer une plainte contre les gardes pénitentiaires. Epouse du détenu Amdy Moustapha Diop, interné au Pavillon spécial, Astou Diop tonne : «Mon mari vient de boucler une semaine au Pavillon spécial, alors qu’il devait être interné à l’hôpital Principal, en raison de la gravité de ses blessures. Il n’arrive même plus à faire bouger ses doigts de la main droite. Il est innocent parce qu’il n’était pas encore jugé, il attendait son procès. Nous allons commettre un avocat pour porter plainte contre l’Etat». Ex-pensionnaire de la cellule 44 de Rebeuss, Moustapha Diop vient de subir une opération, après avoir reçu des balles au ventre, à la main, au pied et derrière le corps.
Codou Diop, sœur du détenu Amadou Diop alias Ndiol confirme la plainte de la famille Diop contre l’Etat du Sénégal. Une position confirmée par Aladji Ngom, frère dudit détenu qui rappelle que le maintien en détention de son frangin ne se justifie plus, eu égard au fait que son état de santé n’est pas compatible avec le milieu carcéral. «Si l’Etat n’est pas capable de suivre de manière correcte leur traitement, tous les détenus internés au Pavillon spécial doivent être libérés pour que leurs familles puissent prendre en charge leurs soins médicaux. Ce que les gardes ont fait subir aux détenus hospitalisés est inimaginable. Certes ces personnes ont fauté au regard de la loi, mais cela n’explique pas, pour autant, ces blessures. Ils ont été fusillés comme des oiseaux. Seuls les chanceux ont survécu car les gardes allaient blesser et tuer plus de détenus si ces derniers n’avaient pas couru pour regagner leurs cellules», confie le sieur Ngom, témoin oculaire de la mutinerie, pour avoir fait la prison de Rebeuss pendant un an.
La même position est adoptée par les autres familles de victimes, à savoir celles de Yankhoba Top, Saliou Bèye (mineur de 17 ans touché au thorax), entres autres. Du côté de l’Agence judiciaire de l’Etat, l’on prépare une constitution dans le dossier, si toutefois l’enquête aboutit à l’arrestation de gardes pénitentiaires.
Pape NDIAYE (Walf Quotidien)