C’est le médecin-chef de Rufisque qui en fait la révélation : 130 personnes vivant le Vih sur les 700 patients suivis dans le district sanitaire de la vieille ville sont perdues de vue. De plus, il a été noté une hausse du taux de prévalence dans ce département, selon les services sanitaires.
Alerte dans la ville de Mame Coumba Lamb. Les services sanitaires de Rufisque tirent la sonnette l’alarme, chiffres à l’appui. Sur les 700 personnes vivant avec le Vih Sida, suivies dans le district sanitaire, 130 d’entre eux sont perdus de vue, depuis un certain temps. La disparition de ce nombre de patients inquiète, au plus niveau, ces autorités sanitaires. «Ce sont des patients que nous ne retrouvons plus et qui vont probablement développer des résistances aux anti-rétroviraux. Les sidéens perdus de vue tournent autour de 130, rien qu’au niveau du district de Rufisque. Des données que nous avons depuis le début de la prise ne charge, rapportent environ 700 personnes suivies», constate Dr Mbaye Thiam, médecin-chef de Rufisque. Le district sanitaire de Rufisque polarise l’hôpital Youssou Mbargane Diop, la polyclinique qui est le centre de santé de référence et 27 autres postes de santé réparties au niveau des six collectivités locales. Ce sont les trois communes de Rufisque et celles de Sangalkam, Bambilor, Tivaouane-Peulh-Niague. «Sur ce, il y a lieu de relever les défis du taux de dépistage mais également de diminuer le taux de perdu de vue», recommande le médecin chef. Rufisque constitue ainsi un département carrefour, avec des zones très industrialisées. Cela constitue, sans doute, des facteurs de risque. «Aujourd’hui, on n’a le corolaire de l’industrialisation qui génère une forte migration, avec le melting polt. Cette rencontre va plus ou moins causer des problèmes en matière d’Infections sexuellement transmissibles (Ist) de façon globale, mais aussi de façon particulière avec le Vih Sida», déclare encore Dr Mbaye Thiam.
Malgré la baisse de la prévalence du Sida au Sénégal, Rufisque est toujours dans la zone rouge. Selon Jeanne Diatta, Eps du district sanitaire de Rufisque, la vieille ville ne fait pas l’exception par rapport au taux élevé de prévalence du Vih Sida. «Il a été noté dans le district de Rufisque une hausse du taux de prévalence dans le département. La cartographie a fait ressortir des zones rouges dans lesquelles il serait bien de mettre l’accent avec des dépistages ciblés. Nous avons décidé, avec l’appui du Centre national de lutte contre le Vih Sida, de sensibiliser la population en les amenant à connaître leur statut, pour arriver à dépister 90 % de la population», lance le technicien en santé. Même si les autorités sanitaires demandent de ne pas s’alarmer, le cas de Rufisque mérite une attention particulière. Pour Dr Mbaye Thiam, médecin chef de Rufisque, la situation du Vih, à Rufisque, n’est pas alarmante comparée à la moyenne nationale. «Au vu du nombre de patients que nous suivons, rapporté à la population, on voit que cela tourne autour de 0,2 %, alors que la moyenne nationale est de 0,7 %. Nous sommes en train de faire des efforts. Mais cela peut être la montagne qui cache la forêt. Puisqu’en matière de Vih, il y a deux principaux problèmes que sont : celui du dépistage et de la rétention des patients en vie. Mais il faut dire qu’à Rufisque, 50% de la population n’est pas dépistée», indique le médecin chef. Dr Thiam dira que le district serait beaucoup plus à l’aise si toute la population s’était dépistée.
Najib SAGNA