Faute de système d’assainissement digne d’une capitale moderne, le populeux quartier des Parcelles assainies est devenu un urinoir à ciel ouvert.
Chacun y fait ce que bon lui semble. Crachats, ordures et odeurs d’urine constituent le décor de certaines rues de la banlieue. L’odeur nauséabonde d’urines se fait sentir dans tous les coins et recoins de la ville où l’urine coule à flots sur les murs des lycées, derrière les camions, dans les maisons abandonnées ou en construction… Dans ce domaine, la parité n’est pas respectée. Parce que, ce sont seulement les hommes qui se soulagent sur les murs. Pourtant beaucoup de dakarois sont d’accord que ce sont des choses à éradiquer. «Si j’ai un besoin pressant d’aller aux toilettes, j’entre dans une maison pour demander si je peux utiliser les toilettes. Je vais bientôt atteindre la cinquantaine, il y a de ces choses que je ne fais jamais. J’en suis même gêné», confie Touré, un cinquantenaire, droguiste de profession, rencontré aux Parcelles assainies, quartier populaire de la banlieue dakaroise.
Mais franchir le seuil d’une maison pour demander à se soulager n’est pas toujours facile. Les maisons hermétiquement fermées et méfiance à l’endroit des inconnus en découragent plus d’un. «Tout le monde n’accepte pas que des inconnus entrent chez soi encore moins pour utiliser leurs toilettes. Les occupants peuvent parfois être suspicieux, grossiers voire désagréables», déclare Mame Samba, un conducteur de camion de déménagement, rencontré aux Parcelles assainies. Qui poursuit : «J’urine dans la rue parce que je n’ai nulle part où le faire. Parfois, si tu entres chez les autres, tu risques de le regretter gravement car ils vont te regarder d’un mauvais œil pensant du mal de toi, te taxant de tous les noms d’oiseau. C’est l’expérience qui parle. Je frappais aux portes des maisons pour demander d’accéder à leurs toilettes. Mais, j’ai réalisé que ce n’est pas une solution. Ainsi, je préfère uriner dehors. Et quand il s’agit d’un grand besoin, je me retiens jusqu’à arriver chez moi.»
Face à ce dilemme, Thiendella, la quarantaine, habitant dans la même zone, invite les occupants des maisons à ouvrir leurs portes. «Les résidents devraient être plus accueillants quand une personne qui a un besoin pressant frappe à leur porte. Il faut toujours veiller à aider son prochain quand ce dernier en a réellement besoin. La méchanceté n’a jamais rendu personne plus heureux», moralise-t-il.
Walf Quotidien