Après plusieurs tentatives de négociations qui ont tous échoués, le collectif des victimes du Marek a décidé de passer à la vitesse supérieure en traînant la Sedima devant les juridictions compétentes. En conférence de presse, hier, les membres dudit collectif disent avoir perdu plus de 400 millions de francs Cfa après avoir acheté des poussins pondeurs à l’usine de Babacar Ngom entre 2014 et 2015.
C’est un bras de fer judiciaire qui s’annonce entre la Sénégalaise de distribution de matériel avicole (Sedima) et ses anciens clients regroupés au sein du collectif des victimes de la maladie de Marek. Ces derniers accusent l’usine de Babacar Ngom de propager sciemment la maladie Marek qui tue les poules au bout de seulement quatre à cinq mois.
Au total, c’est 50 victimes identifiées qui comptent assigner l’entreprise devant les juridictions compétentes. Ce, après plusieurs tentatives de faire réagir la Sedima qui n’a pas daigné répondre à leurs préoccupations. Selon Pape Amadou Ndiaye, porte-parole du collectif, ils ont tous acheté, facture à l’appui, des poussins à la Sedima entre 2014 et 2015. Après quatre mois d’élevage, les acteurs ont constaté que les poussins mourraient les uns après les autres. Pour avoir le cœur net, ils se sont attachés les services du l’Institut sénégalais de recherches agricoles (Isra) et le laboratoire de l’école inter-Etats des sciences et médecines vétérinaires de Dakar. Et, après analyse, le laboratoire d’histopathologie animale a établi que le tableau lésionnel microscopique traduit la forme tumorale de la maladie de Marek. Dans le compte rendu de son examen histopathologie référencé h36/2015 en date du 1er avril 2015, le laboratoire indique que l’examen a porté sur plusieurs fragments des organes et les résultats : «infiltrat lymphoïde marqué à sévère composé de cellules lymphoïdes polymorphes dans plusieurs organes, encéphales avec la présence de quelques manchons péri-vasculaires composés de cellules lymphoïdes». Pis, la cellule de diagnostic et d’analyse, laboratoire de microbiologie et pathologique aviaire de l’Institut sénégalais de recherches agricoles a établi dans le dossier n° Cda/B00322 que les poussins souffraient de lésions de Marek associées à une surinfection à Escherichia coli. Suffisant pour Pape Amadou Ndiaye et Cie de soutenir qu’il s’agit d’une véritable menace pour la filière avicole au Sénégal. Cela, dénoncent-ils, malgré le décret obligeant chaque couvoir à faire obligatoirement la vaccination Marek des poussins au couvoir avant de les vendre aux acteurs du secteur. «Tous les cas détectés au Sénégal ont été achetés à la Sedima», a indiqué M. Ndiaye. Qui révèle que les victimes ont perdu plus de 400 millions de francs Cfa sans compter les dommages collatéraux.
Il précise, en outre, que chaque victime faisait travailler 5 à 10 personnes qui sont actuellement au chômage depuis la découverte de cette épidémie. «Il faut savoir que le prix de revient d’un poussin élevé pendant 4 à 5 mois varie entre 2 500 et 3 000 Fcfa. Pour un petit poulailler qui peut compter au minimum 1 000 sujets de pondeuses, on note une perte sèche d’environ 3 millions de Fcfa au minimum. Certains éleveurs ont emprunté cet argent à la banque ou à leur famille», a déclaré M. Ndiaye. Ainsi, pour tirer au clair cette affaire, les victimes ont décidé de traîner la Sedima devant la justice. «Individuellement, chacun a saisi la Sedima. Collectivement aussi, nous l’avons saisi à travers un huissier de justice mais nous n’avons pas eu de réponse», a-t-il dénoncé. Tout en précisant que depuis le 29 avril 2014, la Sedima n’a répondue à aucune lettre des victimes. «On note un manque de volonté. Au cours d’une rencontre du collectif avec le ministre de l’Elevage, il nous a fait savoir que Sedima a proposé de nous vendre des poulettes prêtes à pondre à 2 500 Fcfa par sujet. Nous l’avons rejeté», fait-il savoir. A en croire les victimes, la pénurie d’œufs et la flambée des prix sont dû à cette maladie. Ainsi, ces aviculteurs demandent l’intervention de l’Etat pour mettre fin aux agissements de la Sedima qui sont une menace pour le secteur.
Nos tentatives de joindre les responsables de Sedima sont restées vaines malgré plusieurs appels et sms.