Devant la «gravité de l’enjeu», les chefs de l’Eglise lancent un appel pressant au dialogue, à la crédibilité et à la transparence du scrutin. Ils estiment que c’est la condition pour la paix et la cohésion sociale.
Les évêques du Sénégal invitent au calme et à la sérénité devant les enjeux que suscite l’élection présidentielle de février prochain, une étape de la vie de notre Nation. Ils rappellent que la paix est un don précieux de Dieu. «Un don que les hommes doivent accueillir, préserver et promouvoir à tout prix. Ce rappel se fait plus que jamais pressant en ces moments où notre Nation se prépare à l’élection présidentielle du 24 février 2019», lit-on dans le document. Devant la «gravité de l’enjeu», ils invitent les Sénégalais à se tourner vers Dieu. Ils en appellent aussi à la conscience citoyenne de tous, surtout des acteurs politiques, pour adopter des comportements responsables et véridiques, en vue d’une élection crédible, transparente et paisible. Par la même occasion, ils les invitent à inscrire en priorité, dans leurs programmes, au-delà des rivalités politiques, un langage respectueux de l’autre et de la communauté, la vérité, la justice, la promotion du bien commun. «Dans son message du 1er Janvier 2019, à l’occasion de la Journée mondiale de prière pour la paix, le Pape François déclare que ‘la bonne politique est au service de la paix’». Il rappelle, à la suite du Pape Pie XI, «que tout engagement politique véritable est une forme éminente de charité, par laquelle nous devons œuvrer pour préserver la cohésion sociale et la paix», soulignent les évêques. «Confiants en la conscience citoyenne de tous les acteurs et en la maturité démocratique du Peuple sénégalais, nous appelons au calme et à la retenue. Avec tous, nous disons: ‘Non à la violence!’. Ce pays nous appartient. Il est de notre devoir à tous de le protéger, de contribuer à son développement et à son rayonnement», poursuivent les Evêques qui appellent, d’une part, pour encourager toute initiative de dialogue en vue d’une paix sociale durable au service du développement, d’autre part, pour préserver notre Sénégal de toute dérive avant, pendant et après l’élection. «C’est notre responsabilité à tous. C’est surtout la vôtre, chers acteurs politiques, vous qui descendez sur le terrain à la rencontre des populations. Que chacun d’entre vous, en poursuivant ses intérêts politiques, n’en sacrifie pas pour autant les droits et les intérêts des citoyens, surtout pas leur vie. Que ceux qui ont en charge d’organiser le scrutin s’en acquittent avec honnêteté, impartialité et respect des normes», poursuivent les Evêques qui lancent un appel aux frères musulmans et aux chefs religieux.
Les Evêques affirment en outre que la politique est un «service» qui ne saurait souffrir de la corruption, la négation du droit et l’enrichissement illégal, la justification du pouvoir par la force ou par le prétexte arbitraire de la «raison d’État». D’après eux, la politique ce n’est pas de s’accrocher au pouvoir, l’exploitation illimitée des ressources naturelles en raison du profit immédiat, l’incitation à la violence, l’absence de vérité dans les propos et enfin l’inexistence de perspective pour la promotion et l’insertion des jeunes. «Ces vices, nous dit le Pape François, affaiblissent l’idéal d’une authentique démocratie et mettent en danger la paix sociale», conclut notre source.
Charles Gaiky DIENE