Si on lit bien entre les lignes de Ibrahima Sène, Macky Sall ne saurait prétendre à un autre mandat en 2024. Un son de cloche à la zorro qui casse tous les monologues au sein de la Majorité.
Tirant, à sa manière, les «leçons du 6ème anniversaire de Pastef de Sonko», Ibrahima Sène du Pit a lâché une phrase que, personne, dans le système Macky (Apr et partis alliés), n’ose plus prononcer depuis que le président de la République a sorti sa fatwa contre toute discussion autour de son mandat. «Je me demande combien lui a coûté (Ousmane Sonko, Ndlr) sa participation à la présidentielle de Février 2019 avec Macky comme candidat, pour fixer la barre de 10 milliards pour 2024, sans Macky comme candidat, dont il est sûr, en se fondant sur la Constitution et les déclarations antérieures répétées à plusieurs reprises du Président Macky Sall (sic)», écrit-il sur sa page facebook. Une posture de zorro dans un camp où tout le monde est mis au pas et fuit la question du mandat comme de la peste. A longueur d’émissions, le refrain est repris par les hâbleurs du système : «Le président de la République vient, à peine, d’être réélu. Ce qui nous préoccupe, en ce moment, c’est de traduire en actes les engagements qu’il a pris devant les Sénégalais pour le renouvellement de son mandat.» Par conséquent, une position aussi dépouillée d’ambiguïté, bien ou mal appréciée au Palais, pourrait peut-être délier la langue à tous ceux qui, sous une camisole de force, n’osent, même en privé, discuter de la succession du Président Sall.
Sur un autre registre, point nodal de son texte, l’adjoint au patron du Pit a pilonné au mortier le leader du Pastef qui, samedi dernier, a lancé un fundraising pour collecter 10 milliards en direction de la Présidentielle de 2024. «Voilà quelqu’un qui se dit +être hors du système+, et +ne veut pas de financement de lobbies+, mais qui compte sur les Sénégalais goorgorlu qu’il considère être dans la pauvreté absolue, pour récolter 10 milliards de francs pour être élu en 2024 !», dit-il.
Pour le Président de Mines de fer du Sénégal oriental (Miferso), «de deux choses l’une : ou bien il a déjà sécurisé ces 10 milliards qu’il veut blanchir à travers une pseudo collecte citoyenne». Ou bien, «il est le roi des bluffeurs, pour expliquer en avance sa défaite certaine, par l’insuffisance de la contribution des populations qu’il veut défendre».
Et Ibrahima Sène d’anticiper sur les justifications de Sonko, en cas de défaite. «S’il perd à la Présidentielle de 2024, c’est la faute aux populations qui auront refusé de payer 10 milliards qu’il réclame d’elles pour solutionner leurs problèmes !», écrit-il. Pour lui, c’est, ni plus ni moins, que du «chantage assimilable à une extorsion de fonds».
Faisant contre mauvaise fortune, bon cœur, Ibrahima Sène fait remarquer, pour s’en réjouir, qu’en manifestant son intention de briguer la magistrature suprême, en 2024, «Sonko se démarque des activistes qui veulent abréger le mandat du Président Macky Sall en tentant de mobiliser l’opinion, comme en Algérie et au Soudan, pour faire partir le Président Macky Sall avant la fin de son mandat en 2024. Sonko n’a que faire de ces activistes et s’en est démarqué publiquement en se positionnant en fin de mandat du Président Macky Sall», selon Ibrahima Sène. Pour qui, «c’est ce changement de tactique de Sonko, en perspective de la Présidentielle qui aide à comprendre les dessous de la sortie de Cheikh Yérim Seck qui dénonce un prétendu deal entre Macky et Idy qui devrait +se tenir tranquille pour lui succéder en 2024+, en contradiction flagrante de ses hypothèses de +dauphin au sein de l’Apr+ du Président Macky Sall». Et là, la religion de Sène est faite que «Cheikh Yérim Seck cherche à se positionner pour Sonko en perspective de 2024, en tentant de discréditer Idrissa Seck et de jeter le trouble au sein des cadres de l’Apr afin de lui baliser le terrain».
Ibrahima ANNE