Petit fils de Serigne Touba, Serigne Bassirou Bara Mbacké est fils de Serigne Mouhamadou Lamine Bara Mbacké Ibn Cheikhoul Khadim et de Sokhna Maguette Lô. A 87 ans (il est né vers 1930), Serigne Bassirou Bara devait être le successeur immédiat du Khalife général des mourides, Serigne Cheikh Sidy Moukhtar Mbacké.
Mais le destin en a décidé autrement. Il était parmi les trois prochains éventuels successeurs du patriarche de Gouye Mbind. Doyen des petits-fils de Serigne Touba après le Khalife, il est son frère cadet à qui il voue un respect sans limites. «Pour ce qui est de Cheikh Sidy Moukhtar, qui représente à nos yeux aussi bien notre père Serigne Bara que Serigne Touba, je n’ai jamais vu quelqu’un de plus vertueux, de plus éminent, de plus pieux et de plus attaché à l’adoration de Dieu. Je lui ai fait allégeance pour toujours et me suis attaché à lui à jamais. Je lui ai entièrement confié ma personne, lui laissant toute latitude d’en faire ce qu’il voudra», aimait-t-il rappeler.
Le défunt vice-Khalife général des mourides est un intellectuel connu sous le patronyme de «Bass Building», pour avoir travaillé dans l’Administration sénégalaise pendant longtemps. Son bureau se trouvait au building administratif, siège du gouvernement aujourd’hui en réfection. C’est peut-être ce qui justifiait ses rapports avec les Présidents Senghor et Diouf avec qui il entretenait de bonnes relations. A sa retraite, Serigne Bassirou a émigré au Canada où il a vécu pendant une dizaine d’années. Son implication dans la gestion administrative de la ville de Touba était remarquable. «Après avoir quitté la maison de Serigne Bassirou Mbacké, il est allé s’installer à Dakar jusqu’à sa retraite de la fonction publique. Il s’est alors installé à Hlm Guédiawaye et s’est exclusivement réservé à la religion et au Mouridisme. Il s’est beaucoup investi dans l’éducation des jeunes à Dakar et dans les daaras», témoigne Abdou Khadre Bâ, petit-fils et proche de l’homme. Outre les daaras et les dahiras, les travaux champêtres étaient aussi son domaine de prédilection, avec ses champs implantés à Mbacké Kadior, Nguedel Lô, Louga et même au Cap-Vert.
Serigne Bassirou Bara est le guide spirituel du lutteur Oumar Sakho dit Balla Gaye 2. Le fils de Double Less lui a prêté allégeance alors qu’il était mécanicien. Il lui avait prédit qu’il serait roi des arènes. Il a récemment prié pour qu’il le redevienne encore, c’était au mois de juillet dernier. Le marabout avait assisté au baptême de sa fille Sokhna Gagnessiry du nom de la mère de Boury Bathily. Balla Gaye 2 : «Il est avant tout mon père avant d’être mon guide spirituel. Ce n’est pas avec la lutte que j’ai prêté allégeance auprès de lui. C’est bien avant que je sois lutteur que je me suis orienté vers lui». Serigne Bassirou Bara a été un miraculé qui a commencé à parler à l’âge de 12 ans. «Quand je m’apprêtais à aller au daara à l’âge de huit ans, ma mère m’a amené chez Serigne Fallou Mbacké pour lui faire part de mon cas. Serigne Fallou a promis que ma langue serait dénouée et que je parviendrai à parler. Il a sorti de la cola de sa bouche qu’il a introduite dans la mienne», a-t-il témoigné lui-même, lors du baptême du fils de Balla Gaye 2. «Tu parleras et seras utile aux populations», lui avait prédit Serigne Fallou.
Borom Hlm Guédiawaye a été un érudit. Le Saint homme a appris les préceptes de l’Islam auprès de Serigne Bassirou Mbacké (1895 – 1966), fils de Serigne Touba connu pour son immense érudition et auteur de l’ouvrage Minanul Bâqil Qadim. Il a été élevé par celui-ci qui l’a confié à Sokhna F. à Kayel. C’est plus tard qu’il sera amené à Mboul, à l’âge de 12 ans où il rencontra Serigne Abo et Serigne Bass Khoudia. Il y séjourna avec la famille de Serigne Bassirou auprès de Serigne Modou Ablaye, Serigne Cheikh, Serigne Moussa, entre autres. C’était vers les années 1949. Après deux ans de séjour, il quitta Mboul pour Labé où il resta durant quatre ans avant de revenir à Ndiarème. Son enfance, il l’a passée auprès d’illustres personnalités de la Mouridya, parmi lesquelles Serigne Mouhamadou Lamine Diop Dagana, un des proches du fondateur du Mouridisme, Serigne Abdou Latif Mbaké Ibn Mame Mor Diarra, entre autres. Une éducation qui a fortement influé sur son caractère car connu pour sa discrétion, sa simplicité, mais également son sens élevé de l’hospitalité et son amour ardent pour Cheikh Ibrahima Fall Lamp, fondateur de la branche des Baye Fall. Le défunt vice-khalife de Touba a eu les qualités essentielles d’un guide : humilité, fidélité en amitié et loyauté sont les autres traits de caractère de l’homme.
Pape NDIAYE