CONTRIBUTON
La politique de «réduction de l’opposition sénégalaise à sa plus simple expression» a eu pour résultat de scinder en deux (à ce jour) les enjeux de la Présidentielle de 2024 entre Pro Macky et Pro Sonko. Macky et Sonko sont les deux potentiels présidentiables pour la Présidentielle de 2024 dont la campagne électorale a démarré depuis. Malheureusement, pour Macky Sall, l’objectif visé de la «route libre» se heurte à la farouche opposition d’un patriote qui a su (contre sa volonté?) fédérer et mobiliser :- d’une part, l’opposition restante autour de la lutte contre un adversaire commun ;- d’autre part, une écrasante partie de la population sénégalaise, surtout les jeunes, autour de la défense des idéaux et valeurs des libertés constitutionnelles.
Dès lors, l’affaire «sweet beauté» a pu renforcer, auprès de la population, ce sentiment de «2024, sans opposition crédible» traduisant la volonté politique de liquidation politique d’un sérieux os sur la route de 2024. Trop, c’est Trop et le vase déborda. La bataille politique se menant dans la rue, le Peuple descendit alors se frotter aux forces de l’ordre, perçues, à juste titre, comme des armées au solde du Président et non de la République. Jamais dans l’histoire politique du Sénégal, nous n’avons vécu le spectacle honteux de milices du pouvoir, défilant avec armes blanches au vu et au su de tout le monde et devant la presse internationale.
L’image honteuse et hideuse de la vraie Monarchie sénégalaise se révéla au grand jour avec une absolue impunité dont les tentatives puériles de justification n’ont eu que l’effet de démontrer le larbinisme intellectuel au sommet de l’Etat. Le besoin de plaire et de servir, non la République, mais le Monarque, a conduit des ministres à avancer des arguments aussi idiots que loufoques. Au vu de ce constat d’échec de la gestion de cette crise et, politiquement, des retombées catastrophiques, que reste-t-il à Macky comme arme politique? La question est d’un enjeu primordial si l’on sait la détermination de Macky à vouloir briguer des mandats successifs jusqu’en 2035. La bataille de la rue…perdue, la bataille de la diaspora…perdue, la bataille des chefs religieux…perdue, la bataille de la culpabilité de M. Sonko…..perdue, dès lors, que reste-t-il à Macky dans sa feuille de route de briser toute opposition sérieuse avant 2024 ? Deux (2) options s’offrent à lui :- le forcing en utilisant son bras armé judiciaire, le Procureur, pour placer son opposant sous mandat de dépôt ; ou la tactique dont les conséquences graves feront plus appel à la violence avec son lot de Sénégalais morts ;- engager en urgence une recomposition politique au Sénégal en usant de ses pouvoirs constitutionnels dont l’amnistie en faveur de M. Khalifa Ababacar Sall et de M. Meissa Wade. Si, pour M. K. Sall sa force politique semble «cantonnée» à Dakar, il en va autrement pour M. Wade. En effet, au delà de son mouvement «génération du concret», ce dernier dispose aujourd’hui de la force politique du Pds.
Deux forces politiques, bien structurées, sur l’étendue du territoire avec un jeune leader charismatique, disposant d’une énorme puissance financière et d’une aura internationale, M. Wade apparaît ainsi comme le contrepoids idéal pour faire ombre au jeune Sonko. Dès lors, amnistier M. Wade permettrait à Macky de brouiller le jeu politique et d’installer inévitablement une bataille de leadership intra-opposition. Avec le retour de leurs droits civils, civiques et politiques, la bataille de la candidature unique de l’opposition pour 2024 est irréversiblement vouée à l’échec. Aucun signal ne permet d’avoir une once d’espoir que M. Sall encore moins M. Wade vont se mettre derrière M. Sonko, comme unique candidat. La bataille intra-opposition va permettre à Macky de se projeter vers d’autres objectifs. En cas d’élection en 2024, rien n’indique que M. Sonko arriverait en deuxième position avec cette recomposition de l’opposition. M. Wade semble disposer, tout comme M. Sonko, de militants et de sympathisants sur le territoire national et dans la diaspora. La bataille pour la deuxième place, étant précisé que la première est réservée au sortant, au vu des scores du sortant à toute élection présidentielle, sera âpre entre les Patriotes et les Wadistes. Si les Patriotes remportent cette première bataille de la deuxième place, rien n’est moins sûr pour la victoire finale. En effet, en tant que membre de la famille libérale, Wadistes et Mackystes sont plus proches que de M. Sonko.
Spécialiste des combines politiques (protocoles de Rebeuss 1 & 2), signer un troisième protocole, sur le dos du peuple, ne serait pas la mer à boire pour cette famille libérale sachant qu’il y aurait toujours des larbins de services pour défendre la couleur noire du soleil. A ce jeu, les libéraux pourront sortir vainqueurs de la bataille présidentielle de 2024. Mais quel libéral pour occuper le fauteuil présidentiel ? Certes, l’idéal pour Macky est de prier et de travailler pour M. Sonko (NB : n’est il pas en train de le faire déjà?) M. Wade, en deuxième position, et M. Sonko, en troisième, signifierait pour M. Sall à coup sûr la perte du pouvoir. Nul Sénégalais sérieux ne peut imaginer une seule seconde que M. Sonko puisse signer un protocole nocturne pour soutenir M. Sall ! Ainsi, à ce jeu du retour des bannis, celui qui a le plus à perdre, contrairement à la croyance populaire, reste M. Sonko et le Pastef. Car, à défaut de prendre la première place au premier et dernier tour, l’accession de M. Sonko à la Présidence semble inévitablement liée au jeu politique des libéraux. Miser sur une trahison au sein de la famille libérale, pour soutenir un inconnu, est preuve manifeste d’immaturité politique.
En 2024, les libéraux pourront emprunter le célèbre slogan de Gbagbo «On gagne, ou on gagne»….. Mais avec quel libéral pour le fauteuil présidentiel ? Tel est l’enjeu pour 2024 et Pastef.
Oumar Ngalla NDIAYE
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