Le froid qui sévit depuis quelques jours sur la capitale dakaroise et sa banlieue fait l’affaire de certains commerçants comme ceux spécialisés dans la vente de «thiouraye» ou encens. Un produit fortement prisé dans les marchés des Hlm et de Grand-Yoff où les vendeurs se frottent les mains.
Grand-Yoff. L’ambiance est bon enfant. Passants et chauffeurs de «cars rapides» se disputent la voie publique. Impossible d’emprunter les trottoirs qui sont occupés anarchiquement par des vendeurs de chaussures, de pantalons jean, de lunettes, des produits de beauté, etc. A quelques mètres de l’église Saint-Paul, une petite ruelle se dégage et mène tout droit à l’intérieur du marché. Sur place, des tables en bois sont alignées les unes après les autres, laissant de petites ouvertures pour permettre aux acheteurs de se mouvoir et faire leurs achats. Au fond, Modou Sène tient sa boutique d’encens. Devant la pièce, l’odeur du produit émanant des récipients en plastique titille les narines des visiteurs et autres passants. Les prix varient selon le poids. Il y a des sachets qui coûtent 1 000 F Cfa, 2 mille F Cfa voire 3 mille F Cfa. Il y en a pour toutes les bourses. Les pots s’échangent à 5 mille F Cfa. Pour s’offrir aussi du parfum, le client doit débourser plus. Un petit pot accompagné de parfum est vendu à 10 mille F Cfa. «En cette période de la fraîcheur, le +thiouraye+ ou encens est beaucoup consommé à Dakar. Les femmes en achètent chaque jour. Alhamdoulilah ! Nous faisons de bonnes affaires. Nos chiffres d’affaires ont augmenté. On ne se plaint pas. A la fin de la journée, je peux me retrouver avec 30 mille F Cfa voire 40 mille F Cfa», déclare Modou Sène, accoudé sur un petit comptoir en bois.
Au marché des Hlm, le «thiouraye» est visible devant toutes les boutiques qui font face à la voie qui mène vers Colobane. De loin, on peut lire les noms en wolof de certains mélanges devant les cantines de vente : «Boulko yeureum» ; «4 appuis» ; «Songma» ; «Boul bouger» ; «Ma waxon waxeet» ; «Digui lal» ; «Dieulma» ; «Bonne nuit» ; «24 heures», etc. Awa Thiam qui revendique, avec fierté, son origine Laobé s’active dans ce commerce depuis plus de 10 ans. Elle importe les parfums de Dubaï. Des produits qu’elle mixe elle-même avec certains produits qu’elle vient écouler au marché des Hlm. En plus de l’encens, Awa Thiam vend également des petits pagnes, des nuisettes, ceintures de perles, soutien-gorge et d’autres produits pour les femmes mariées. Devant tout cet arsenal de séduction, l’encensoir pour le fumage vient compléter le décor. Rangé devant la boutique, le plus petit récipient fabriqué à base d’argile est vendu à 3 mille F Cfa. Il y en qui s’échangent contre 15 mille F Cfa et 20 mille F Cfa. «Le froid est notre allié. Il fait notre affaire. Les femmes mariées ou même célibataires se ruent vers nous pour acheter de l’encens. Il y en a pour tous les goûts. En cette période de fraîcheur, parmi les produits les plus vendus figure l’encens. On fait beaucoup de bénéfices, que ce soit les pots, les sachets ou les pesées», se réjouit Awa Thiam tout en remuant l’encens dans un récipient avec une grosse cuillère. Ici, les 250 grammes sont vendus à 2 500 francs Cfa, les 500 grammes à 5 mille F Cfa et le kilogramme à 10 mille F Cfa. Selon elle, d’autres commandes sont faites par ses clients à travers les réseaux sociaux notamment Whatsapp et Facebook. «Quand il fait froid, on a besoin de se réchauffer et le meilleur moyen c’est l’encens. C’est un produit qui permet de parfumer les chambres et de rendre agréable les nuits. Une vraie femme doit savoir entretenir son foyer. Et l’encens fait partie de la séduction. Moi, j’y investis beaucoup d’argent pour satisfaire mon mari. La preuve, je suis à ma 20e année de mariage et pourtant mon mari me voit toujours comme une jeune fille», se glorifie cette cliente du nom de Halima Ndiaye qui vient de s’offrir un encensoir et un pot de «thiouraye».
Samba BARRY